Commençant comme une série B aussi pénible que bruyante vous donnant presque envie d'en rester là, « La Peur au ventre » connaît une étonnante évolution nous poussant rapidement à réévaluer notre jugement. Bon, soyons honnêtes : il faut accepter très vite l'aspect hautement improbable du scénario, ainsi qu'une mise en scène... comment dirais-je... légèrement excessive, sans quoi il est inutile d'insister. Si c'est le cas, il serait vraiment dommage de passer à côté de ce suspense brut et violent, mais jamais gratuit, prenant rapidement une voie narrative inattendue, évitant ainsi joliment clichés et autres situations éculées. Au contraire, on finit par prendre un réel plaisir à se demander où le scénario va nous emmener et comment cette quête désespérée va aboutir, d'autant que les obstacles semblent à plusieurs reprises insurmontables. Après, je le répète : il faut être assez tolérant concernant certaines situations assez étonnantes, mais nous sommes suffisamment plongés dans cette « Nuit du chasseur » version hardcore que cela ne pose pas de réel problème, y compris cet étrange interlude concernant
ce couple fort peu fréquentable
... C'est un conte moderne, sanglant et sans concessions, peuplés de monstres et de quelques bonnes fées (forcément un peu spéciales, elles aussi !), avec en lieu et place du héros habituel un truand qu'il faut vraiment pas faire chier et ordurier comme c'est pas permis, auquel on s'identifie pourtant sans grand souci tant il nous change des figures habituelles du genre. L'excellent (et parfois vraiment surprenant) travail sur les décors s'intègre parfaitement dans cette logique, renforçant intensément la dimension cauchemardesque de cette course infernale. Même cette réalisation avec laquelle on avait tant de mal finit par trouver un peu de sens et de cohésion, tout comme quelques détails qui nous avaient au départ échappés. Dommage, toutefois, que quelques égarements viennent légèrement noircir le tableau, à l'image
d'une fin assez facile (sans oublier le coup du flic infiltré histoire de nous rendre ce « badass » plus sympathique)
, mais fort d'un casting aussi séduisant qu'hétéroclite (Paul Walker, Cameron Bright, Chazz Palminteri et une pléthore de futures figures de la télévision : la splendide Vera « Bates Motel » Farmiga, Ivana « Banshee » Milicevic, Michael « The Walking Dead » Cudlitz, Elizabeth « Lost », « V » Mitchell et John « Fringe » Noble), « La Peur au ventre » est une expérience cinématographique prenante et parfois vraiment inspirée : à découvrir.