Le récit autobiographique écrit par Christina Crawford, fille de Joan Crawford, qui a tant fait débat à sa sortie est porté ici au cinéma par Frank Perry en 1981. Si le livre était déjà décrié, notamment par les filles sœurs jumelles (Cindy et Cathy) de Crawford, de calomnier Joan Crawford en entachant son portrait, surtout tout juste après sa mort, le film l'est encore plus ! Effectivement, ici, tout le monde crie au mensonge et à la surenchère ; même Christina Crawford trouve le film grossier et en particularité les deux scènes phares du film qui ont pourtant permis de construire la renommée de ce dernier : celle de la hache (rappelant d'ailleurs "La Meurtrière diabolique") et celle des cintres. Et on ne saura jamais qui a raison ou tort, même si je suis bien conscient que le film exagère sûrement grandement les choses. Mais bref, tout ça pour dire que nous ne sommes pas dans un biopic classique. Déjà, ce n'est pas un biopic qui glorifie la star mais bien au contraire, qui entache grandement sa réputation. Sorti quelques années après la mort de l'intéressée, le film dresse le portrait d'une femme avant tout avide de pouvoir, d'argent mais surtout de gloire qui peine à s'en sortir en se faisant virer par la MGM puis par la Warner, sortant malgré tout quelques grands succès entre temps. Mais surtout, Crawford en prend pour son grade dans l'éducation de ses enfants, et notamment de Christina Crawford donc qui s'en prend plein la tronche pendant deux heures ! Effectivement, que ce soit violences verbales, psychologiques ou physiques, on se croirait presque dans "Vipère au poing" en dépeignant Joan Crawford en tant que marâtre, telle la belle-mère de Cendrillon (qui lui fait d'ailleurs également littéralement nettoyer le sol à la main). Seulement voilà, même si le film adapte la biographie de Christina, on ne voit qu'elle et jamais les autres, mis-à-part Christopher de temps à autres. Évidemment les sœurs jumelles sont évincées, sûrement au vu des rapports conflictuels qu'elles semblent entretenir mais elles ont pourtant bien existé et jamais aucune allusion ne leur ai faite dans le film, ce qui est bien dommage ! Autre gros problème du film, c'est que ce dernier fonctionne par ellipses. Alors oui, il retrace presque quarante ans de la vie de Joan Crawford, il faut donc bien-sûr couper des parties mais là on parle quand même de très grosses ellipses qui surviennent un peu soudainement et erratiquement dans le récit, ce qui a tendance à perdre le spectateur. Malgré tout, j'avoue avoir plutôt apprécié le film et je comprends son petit statut de film culte. Car oui, le film est un nanar, enfin presque. Il est un nanar surtout dans ses scènes les plus cultes, qui sont très exagérées, maladroitement écrites et dans lesquelles Faye Dunaway en fait dix fois trop. Malgré tout, je dois dire qu'en dehors de ça, même si le film n'est pas le drame annoncé, il fait tout de même office de bon thriller dont j’adore d’ailleurs l'ambiance générale et qui n'est pas pire que n'importe quelle série B des années 80. Concernant les acteurs, même si Faye Dunaway en fait quelques fois trop donc, elle interprète quand même magnifiquement le personnage. Déjà de par la ressemblance physique qui est frappante mais également de par sa manière de parler etc. Seulement, l'actrice l'interprète comme Joan Crawford interprétait ses personnages, c'est-à-dire avec un certain surjeu propre au Hollywood Classic, ce qui donne ce décalage quelques fois très étrange au film. Mais on retiendra également Diana Scarwid et Mara Hobel qui jouent très bien. "Maman très chère" est donc un film tantôt drôle (de par ses scènes très exagérées et surjouées, comme la scène de l'étranglement par exemple), tantôt dramatique mais qui fonctionne surtout très bien en tant que petit thriller des années 80.