En 2005, Spielberg en avait fini avec les aliens gentillets ou attachants, façon E.T. Il adapte avec une noirceur certaine le roman classique de SF « War of the Worlds » de H.G. Wells, les spectres du 11 septembre 2001 et de la guerre d’Irak de 2003 planant allègrement sur le film. Celui-ci se centre ainsi sur un père de famille divorcé, qui fuit avec ses deux enfants, alors que les Martiens ont débarqué et exterminent tout sur leur passage. On est à des années-lumière d’un « Independence Day ». Ici, peu ou pas de patriotisme, ni de guerre de conquête, ni de symbole de destruction massive. L’enjeu se porte exclusivement sur nos trois héros qui tentent de survivre dans un apocalypse cauchemardesque. Le thème du film est donc avant tout la famille décomposée, sujet cher à Spielberg, ou comment un père célibataire égoïste, peu attentionné, et distant de ses enfants, va devoir reconstruire ses liens. D’autant plus que Tom Cruise cherchait à l’époque à se construire une image de mari ou père de famille respectable. L’acteur apparait donc ici assez impliqué… mais se brouillera avec Spielberg à cause de ses frasques médiatiques de l’époque et de son prosélytisme scientologue. En revanche, il faut bien dire que ses deux enfants sont vite insupportables. Entre un adolescent en conflit permanent jusqu’à la stupidité pure (Justin Chatwin, qui n’avait pas encore dégommé sa carrière avec « Dragonball Evolution »), et une fillette stressée qui ne comprend rien de la situation, c’est parfois pénible à regarder. Certes, ce n’est sans doute pas éloigné de comment réagirait une famille moyenne dans de tels événements, mais tout de même ! Si bien que le film peine à trouver son souffle dramatique. Heureusement, Spielberg est loin d’être n’importe qui, et offre un spectacle sombre et impressionnant, à hauteur d’homme. Outre les effets visuels et sonores réussis, la mise en scène permet de rendre la menace martienne frémissante quand elle survient. Qu’il s’agisse de scènes presque horrifiques (notamment lorsque le but des envahisseur est révélé), ou de destruction de grande ampleur. On notera l’idée flippante que le rayons martiens transforment instantanément les corps humains en cendres. Un principe probablement retenu pour éviter le gore et rendre le film tout public, mais qui fonctionne très bien. Et il y a aussi la question du final. Le roman de H.G. Wells est connu pour sa fin originale, qui a été reprise dans la version de 1953 avec une topique religieuse. Spielberg a fait le choix de
rester cohérent avec le roman, mais sa fin survient un peu vite, avec un message semi-écologiste trop expédié et superficiel
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