En 1898, H.G. Wells publiait "La Guerre des mondes", considérée aujourd'hui comme un grand classique de la science-fiction, précurseur du genre. 40 ans plus tard, Orson Welles terrorisait les auditeurs avec une adaptation radiophonique effrayante de réalisme. Puis, en 2005, Steven Spielberg s'emparait à son tour de l'histoire et nous livrait sa vision de l'une des plus grandes peurs collectives de l'humanité : une invasion extraterrestre. Noirceur absolue, aveugle. Ici, point de petite créature à l'index lumineux qui veut retourner à la maison. Aucune empathie, aucune curiosité bienveillante. L'invasion a été programmée de longue date et l'alien, monstreux, surgit de l'éventration du sol sans laisser aucune chance aux Terriens d'établir un quelconque lien. Au bout de 5 minutes, c'est la dévastation. Tom Cruise, très convaincant dans son rôle de père divorcé, fuit le carnage avec toute l'énergie du désespoir, mu par l'urgence viscérale de sauver ses deux enfants. Eperdu, tantôt héroïque, tantôt fragile et dépassé, il court, se cache et se terre dans des villes défigurées où règne la terreur d'un anéantissement en coupe réglée. Crédibilisées par des effets spéciaux spectaculaires, certaines scènes collent longtemps à la rétine : les corps atomisés qui se désintègrent dans les rues ; des vêtements -jambes et manches vides- volant dans le chaos ; les cris de la petite Dakota Fanning, ses yeux agrandis de terreur ; Tom Cruise écartelé par le choix qu'il doit faire entre son fils et sa fille ; le tentacule reptilien du tripode, fouillant la cabane, de recoin en recoin... Un regret, cependant. J'ai trouvé l'épilogue un peu baclé, avec toujours ce happy end typiquement américain, Malgré tout, du très grand Spielberg.