Lorsque que je vois le genre de propos orduriers assénés à ce film, je me pose grièvement cette question : soit ces gens provoquent de façon abjecte parce qu'ils "ragent" du succès de Spielberg, soit ils sont atteint de cécité ...... .
Le film est considéré par une majorité de la critique presse comme un des meilleurs films de la décennie 2000. Dire à tort que c'est "une bouse" est purement scandaleux. Lorsque l'on a de la merde dans les yeux oui j'entends bien que l'on perçoive à tout va de la merde, d'où l'important de se faire un lavement oculaire. Un film mauvais est un film où tout est à jeter, où il n'y a aucun travaille artistique.
La Guerre des Mondes n'entre pas dans cette catégorie. C'est un must, un classique, une merveille cinématographique.
Spielberg n'es en rien Michael Bay ou Roland Emmerich, ce dernier qui, avec son pourtant sympathique Independance Day, souffre souvent d'un patriotisme assommant et horripilant et autre héroïsme surdimensionné, stéréotypes propres aux films gonflés par un budget outrancier.
Le long-métrage de Spielberg diverge sur bien des aspects, c'est un chef-d’œuvre du cinéma de genre pour plusieurs raisons : Musiques ténébreuses de Williams, photographie très spécifique de Kaminiski, cadrages, scénario, plan séquence de l'autoroute, scène brillante de la cave ou encore, furie des éclaires et la découverte du Tripod qui en découle. Le film est AU MOINS excellent, sauf pour les négationnistes mais ça ..... Richard Schickel, un des plus grands critiques presse Américain, considère War of the worlds en tant que tel ; un grand film de Science-Fiction. L’œuvre est bien loin d’être un simple blockbuster conventionnel ; il constitue l'apogée dans une passionnante période de réalisation de l'auteur américain, ce dernier atteignant en effet son summum en terme d'efficacité de mise en scène dans sa période pessimiste et alarmiste des années 2000 (A.I. Intelligence artificielle, Minority Report, Munich). Trouvant un équilibre puissant entre « sujets plus adultes » et sens réel et scandaleux de l’entertainment, vitalité et noirceur extrême, angoisses intimes et vocation universelle, celui-ci portait au yeux de tous ses contradictions de créateur et donnait un souffle nouveau à ses thèmes de prédilections. Retour sur un chef-d’œuvre d’angoisse et d’ambiguïté.
Spielberg nous offrent un film catastrophe sous forme de périple intimiste grisâtre, une famille tourmentée au centre, obsession chez le réalisateur. Tout ceci peu porté sur l’emphase pyrotechnique imposé par le sujet, malgré des effets d’une beauté incroyable et d'une efficacité rare. Le maître ne cadrent plus l'émerveillement, mais des hantises, expose l’horreur, l’ampleur d'un désastre entrainé par des aliens incompréhensiblement malveillants, à l’esthétique inoubliable (Les Tripods sont majestueusement terrifiant, l'apparat des Martiens est tel qu'il nous fascine). Mais le pire, c’est que tout cela est "beau". Le cinéaste laisse transparaitre brillamment les divers traumatismes du 20ème siècle en les recrachant sous forme de saisissantes visions post-apocalyptiques et images marquantes de part leurs virulences, et filme l’extermination de manière aussi convaincante, même encore plus terriblement parfois, que dans La Liste de Schindler, sans pour autant renoncer un instant à un spectacle magistral, au réalisme troublant.
Le Film est dominé d'autre part par une anxiété et une psychose constante, tel un cauchemar éveillé à la fois très concret et éthéré. La photo de Janusz Kaminski retranscrit cela à merveille, tout en émulsion sombre et rayons éblouissants. Mais l'œuvre du célèbre cinéaste force le respect par sa mise en scène : mouvements fluides ou caméra d'épaule vif, éclaboussures de sang sur la lentille, nombreuse vues subjectives, suivi mémorable d’une faille se formant sous les pieds de la foule, ample voltige filmique autour d’un vanne filant sur l’autoroute, évoquée ci-dessus, la caméra entrant et sortant à l'envi de l’habitacle… Autant d’effets mettant en jeu le regard, l’espace, la grandeur, le carnage, l'intimisme et l’intrusion sur lesquels la mise en scène ne se repose jamais, poussée de l’avant par un implacable dynamisme (le film pouvant se targuer d'un scénario maitrisé, signé David Koepp). Ce compte horrifique atteint à deux fois son paroxysme en terme de virtuosité, notamment lors d'une scène d'une magnificence dantesque. Au pied d'une colline, où se perdent des centaines d'humains hagards et terrifiés en exils, Spielberg nous montre l'armée américaine tentant de riposter à l'attaque belliciste des aliens ; le chaos est bien là, les explosions assènent, la confusion règne, le ciel est embrasé, vivifié par une aura de feu, et pourtant ..... ce qui aurait du être la plus grande scène de conflit de toute l'histoire du cinéma nous est invisible. En effet, nous sommes privés de l'apparence d'une bataille gargantuesque, épique ; le cinéaste impose ici la suggestion. On est en cela frustré, mais choqué, un semblant de tétanie nous fustige malgré cette vision subjective au final fortement prenante et brutale.
La Guerre des mondes procure ainsi un intense plaisir de cinéphile, Spielberg amalgamant par un instinct génial le cinéma qui l’a précédé et celui qu'il domine au cours des années 2000. À l’époque de sa sortie, certains avaient repérés la parenté qu’entretient la fin du film avec celle de La Prisonnière du désert de John Ford ; d'autres relevaient que le thème de l’enfance confrontée à l’horreur était emprunt certainement à La Nuit du chasseur de Charles Laughton.
Ce film du maître d'Hollywood est un chef-d’œuvre indubitable.