Sorti en 2005, La Guerre des Mondes signait à l’époque le grand retour de Steven Spielberg à la science-fiction pour un film encore aujourd’hui très impressionnant et surtout terrifiant. Constituant sans aucun doute l’un des meilleurs films de science-fiction de la filmographie du metteur en scène, La Guerre des Mondes reste pourtant, et à ma grand incompréhension, l’un de ses longs-métrages les moins aimés des spectateurs. Ray Ferrier est un docker divorcé et un père rien moins que parfait, qui n’entretient plus que des relations épisodiques avec son fils Robbie, 17 ans, et sa fille Rachel, 11 ans. Quelques heures après que son ex-femme et l’époux de cette dernière lui ont confié la garde des enfants, un puissant orage éclate déclenchant d’étranges phénomènes. Ray assiste alors à un spectacle qui bouleversera à jamais sa vie ainsi que celle de ses deux enfants. Dernier film de science-fiction en date du célèbre réalisateur d’Il faut sauver le soldat Ryan ou d’E.T. L’Extraterrestre, La Guerre des Mondes est tout simplement une pure réussite dans le genre de la science-fiction et qui marque encore plus la noirceur qui peut habiter certains films de Steven Spielberg. Fort d’un gros succès commercial, presque 600 millions de dollars de recettes dans le monde et plus de trois millions d’entrées en France, La Guerre des Mondes reste bizarrement l’un des films les moins appréciés de ce grand réalisateur dont la filmographie compte un grand nombre de films cultes. En adaptant le célèbre roman d’H.G. Wells, Steven Spielberg livre ainsi une nouvelle version de La Guerre des Mondes qui succède donc à la première adaptation du roman sortie en 1953 sous la direction de Byron Haskin. Et aujourd’hui il n’y a pas photo, que l’on aime ou pas le film d’Haskin, on lui préférera forcément l’adaptation de Spielberg car plus intéressante dans le développement de l’invasion extraterrestre de notre planète mais aussi car évoquant des thèmes absents de la version certes très veillotte, mais culte, de 1953. A la fois blockbuster à gros budget et film intimiste entre un père et ses enfants, La Guerre des Mondes version 2005 est un film qui recèle de moments forts mémorables comme la scène
dévoilant pour la première fois les fameux Tripodes lorsque l’un d’eux sort des entrailles de la Terre là où il sommeillait tranquillement pour ensuite ravager une banlieue entière de New York
, ce qui donne une séquence de terreur et d’apocalypse comme on ne l’a rarement vue au cinéma. Et cela me permet donc d’aborder ce qui fait la particularité de ce film de science-fiction pas très optimiste qu’est cette ambiance terrifiante, oppressante et morbide qui fait de La Guerre des Mondes l’un des films les plus sombres de son réalisateur. En traitant du 11 septembre 2001 au travers d’une invasion extraterrestre de grande ampleur qui vise tout simplement à exterminer l’espèce humaine, Steven Spielberg réalise un film de science-fiction teinté d’horreur et d’une vision apocalyptique assez réaliste de ce que serait notre Terre au moment d’un tel évènement. L’espoir semble avoir disparu, les personnages ont constamment peur, la guerre fait rage, les paysages sont rouge sang, les pertes humaines se comptent en milliards de morts, les gens deviennent violents ou fou et sont prêts à utiliser la violence pour survivre dans ce monde terrifiant et terriblement réaliste. Le film fait donc violemment écho aux attentats de World Trade Center qui ont mis l’Amérique au pied du mur et le film montre bel et bien que la plus grande puissance du monde ne peut faire face à une invasion aussi spectaculaire et terrifiante.
Seule la nature pourra en venir à bout et aider les Hommes à lutter contre les envahisseurs
. Le film enchaîne les visions pétrifiantes et terribles, de l’arrivée du premier Tripode qui installe la peur grandissante du 11 septembre sur le film, aux exodes des populations, les cadavres sur l’eau, le train en flamme ou encore les vêtements qui flottent dans l’air ainsi que les cendres des morts qui évoqueraient de leur côté la Shoah. La Guerre des Mondes est un film de science-fiction qui évoque toutes les grandes catastrophes des XXème et XXIème siècles dans un flot d’images fortes et violentes qui décrivent une catastrophe planétaire terrible. Mais le film reste avant tout un film de Steven Spielberg car nous y retrouvons tous les thèmes chers au réalisateur comme la relation père/fille ici parfaitement bien exploitée ainsi que le thème de la famille décomposée ou encore celui du père qui se rapproche petit à petit de ses enfants pour devenir au final un vrai père. Et étant un long-métrage des mains du maître du divertissement, La Guerre des Mondes se retrouve donc doté de scènes d’action absolument dantesques et ultra-impressionnantes portées par des effets spéciaux encore aujourd’hui superbes, la scène de l’arrivée du Tripode est mémorable avec notamment leur fameux bruit métallique juste terrifiant montrant un véritable monstre de métal. Le film est un véritable cauchemar vécu par les personnages qui ne cessent de se demander ce qu’il se passe et pourquoi ces envahisseurs sont venus sur Terre et les acteurs arrivent parfaitement à transmettre au spectateur la terreur qu’ils vivent durant cette bouleversante partie de leur vie. Tom Cruise qui travaillait pour la seconde fois avec Steven Spielberg après leur collaboration sur Minority Report, est ici tout simplement excellent dans son rôle de père protecteur qui va tout faire pour sortir ses enfants de cet enfer et va être amener à faire des choix difficiles pour survivre dans un monde où toute humanité semble disparaître petit à petit. Ensuite la très jeune Dakota Fanning prouve une fois de plus qu’elle est une très bonne actrice, son duo avec Tom Cruise passe très bien à l’écran et est très émouvant, je pense que ce rôle ainsi que celui dans l’inoubliable Man on Fire de Tony Scott constitue deux des meilleurs prestations au cinéma de cette jeune actrice aujourd’hui âgée de 20 ans qui a eu la chance de ne pas être mise aux oubliettes contrairement à certains jeunes acteurs. Et enfin Tim Robbins apporte avec son personnage toute la peur et la folie que certaines personnes peuvent ressentir dans des moments aussi tragiques, les passages dans la cave sont d’une rare intensité notamment avec la « visite » et le jeu de cache-cache plein de tension et d’angoisse. Accompagné d’une excellente bande-originale composée par le fidèle John Williams et d’une image lumineuse magnifique, parfois éblouissante, qui est sans doute le résultat de l’utilisation de la pellicule, La Guerre des Mondes est un excellent film de Steven Spielberg, sans doute l’un de ses meilleurs dans le domaine de la science-fiction mais aussi de toute sa filmographie. Pessimiste, sombre, morbide et angoissant, le réalisateur de la saga Indiana Jones livre une vision d’apocalypse terrifiante dans le contexte d’une invasion extraterrestre. Véritable cauchemar peuplé de résonnances post-11 septembre 2001 glaçantes et d’évocations de la Shoah, La Guerre des Mondes est une œuvre plus complexe qu’elle en a l’air contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Encore du très grand Steven Spielberg !