Sea, sex and Sun, version coréenne. On peut aussi penser à je t'aime moi non plus.
Ce cinéaste n'a rien à voir avec celui de « Turning Gate », malgré les similitudes de patronyme. Et ça se sent !
Il est frappant de voir la proximité de la mentalité coréenne avec la nôtre, nous autres grenouilles partouzeuses cyniques et jouissives athées. Il n'y a qu'à voir le succès de DSK dans les sondages après la révélation de ses infidélités FMIsiennes pour comprendre à quel point le sexe des vainqueurs reste le modèle dominant du machisme ambiant. Pour le bonheur décomplexé des célibataires qui croquent pendant quelques soirées les moitiés des autres.
Il y a plusieurs qualités qui se dessinent sur la longueur dans ce petit joyau.
La dissection des rapports amoureux loin de toute naïveté ou romantisme de pacotille, l'absence de morale ou de manichéisme basique, on navigue en eaux troubles, avec les risques que ça entraîne, sans que l'on puisse imaginer en arriver à cette fin là. Et oui, en plus des jeux de marivaudages attendus, il y a une méchante surprise pour le grand final.
Tout le monde joue au risque pour le plaisir, plus ou moins finement, et tout le monde paye les pots cassés, non pas parce que la morale s'y oppose, mais parce que personne ne fait les choses d'une manière professionnelle. On pense évidemment aux « Trois petits cochons » canadiens, où il est démontré que le plaisir sans les soucis de l'adultère appartient aux intelligents. Et que les emmerdes suintent sur les jouisseurs sans cervelles. La vie, on la maîtrise ou on la subit, les règles sont les mêmes depuis la nuit des temps, et un film un peu existentialiste comme celui là ne déroge pas à la « règle ». C'est une grande qualité de montrer toutes ces vies, tout ces possibles, à tous les âges, c'est presque un recueil de tout ce qu'un être humain peut vivre, en restant lui-même. Et en gardant le recul nécessaire pour ne pas haïr son prochain, seulement de s'en protéger suffisamment. A croire que la jouissance soit le meilleur remède aux modèles débilisants des religions moralisatrices. Car quand on jouit, on apprend à vivre, pas en se privant de la beauté de la vie. Et on finit par respecter la vie plus que n'importe quel fou de dieu, car on l'aime.
C'est la leçon de cette femme coréenne, qui fut fine et généreuse, et qui sera payée en retour, pas de la manière traditionnelle, mais finalement avec le miracle en héritage. Quelle plus belle leçon de vie pouvait-on prendre dans la gueule, loin de tout conformisme, de toute tiédeur lâche ou morale quelconque.
L'autre beauté de ce film étant sa relative pudeur, les scènes de sexe sont abordées un minimum esthétiquement, rien à voir avec la crudité de « La femme est l'avenir de l'homme ».
Le titre français peut sembler ronflant, mais au bout du compte, l'ambition de ce réalisateur coréen particulièrement doué fait largement passer la pilule. Vraiment sympathique malgré la dureté des sujets abordés.