Dans "Last Days", Gus Van Sant fait communiquer ses ingrédients ; naturalisation, mise en avant des sens au profit d'un caractère psychologique chez le personnage, errance communicatrice de la perte. Le film tient sur une approche purement basique, comme l'eau d'une source, d'un homme qui se dérobe avant de moisir. Cet homme, comme pour signifier expressivement qu'il pourrait être nous-même, cet homme lâché dans une Nature en communion, c'est Kurt Cobain. Une façon aussi de dire de la part du réalisateur américain que le mythe n'existe que par la représentation instinctive que l'on se fait de lui. En réalité, cette ballade morbide dans les antres de la Terre est le chemin qui existe entre lui et nous, entre nous tous. Un chemin universel qui se traduit ici par l'abandon et la fatigue de vivre. Sans pour autant s'attarder dans une complaisance de bas étage qui constituerait l'approche simpliste du personnage (pour lequel il nous faudrait pleurer) et dont le but serait de le rendre plus beau qu'il ne l'est déjà, Gus Van Sant, étrangement, le métamorphose de nos visions en un ermite paumé, malade, fou. La face sombre qu'il montre de lui n'est même pas le reflet direct d'une addiction à la drogue, mais simplement la transposition d'un mal enfoui au fond de nous tous. C'est parce qu'il n'est qu'une ombre fugace et lâche, un homme constitué d'une tête et d'un corps, qu'il prend vie comme personne d'autre au cinéma. C'est parce qu'il est plongé dans une forêt, où transpercent du ciel les branches d'un arbre et la fraîcheur de l'eau, qu'il existe pleinement. Parce que l'homme dans sa plus simple beauté est confronté au monde dans sa plus simple beauté. L'association de deux éléments clés dénués de tout ajout hors-nature les rendent d'une beauté finalement peu complexe, mais juste véritable. Tout alors, devient perlé, limpide, direct, gai ou sombre. La baignade à côté d'une cascade ou la découverte d'une maison sans vie deviennent alors des fragments de vie mythologiques dur