Pas de musique planante, pas de ralenti, mais beaucoup de plans fixes, une image sombre, quelque chose de très décadent. Par sa sécheresse, ce film se distingue d'autres oeuvres de Gus Van Sant, comme Elephant ou Paranoïd Park. S'inspirant de l'histoire tragique de Kurt Cobain, ici rebaptisé Blake, le réalisateur ne propose pas une approche biographique, mais plutôt une "vision" très personnelle de ce que furent peut-être les derniers jours du chanteur. Au programme : errance, déchéance, vide et silence, une solitude lourde, même au milieu des autres, vagues fantômes. Le risque, avec ce genre de thématique, c'est de perdre le spectateur en cours de route... Pas facile, en effet, d'accrocher pendant 1 h 30 à ce personnage qui ne fait que murmurer, au bord de la folie. Un film quasiment sans dialogue, ou du moins sans dialogue cohérent. Expérience rare, certes, mais mollement enthousiasmante. Heureusement, deux rencontres, l'une avec un représentant des Pages Jaunes US, l'autre avec deux jeunes prêcheurs, introduisent une dimension absurde, réjouissante. C'est dans la première moitié du film. Par la suite, morne plaine. Sauf la fin, brutale et troublante.