Avis : La Fille aux allumettes - Page 2

La sortie récente du dernier opus du cinéaste finlandais Akki Kaurismaki " les feuilles mortes" prix du jury à Cannes (2023) donne l'occasion de revenir sur sa filmographie.

" La fille aux allumettes" (1990) est (selon moi), un des fleurons de l'oeuvre de cet excellent metteur en scène qui utilise fréquemment la même stylisation des décors, la proximité des thèmes abordés d'un film à l'autre, la typologie des personnages qui se renvoient d'un film à l'autre et est parvenu ainsi à se créer un style formidable, reconnaissable presque au moindre plan, qui lui est propre.

Tiré du conte d'Andersen " la petite fille aux allumettes", on a affaire à un scénario désespéré et peut-être un des plus pessimistes de son auteur.

Une jeune ouvrière qui travaille en usine dans une fabrique d'allumettes, ne trouve aucun réconfort parmi son entourage. Elle rencontre un jeune homme au caractère détestable.

Réflexion sur la solitude, le besoin vital d'amour nécessaire pour vivre, le ressentiment comme acteur de l'histoire humaine.

Sans s'appuyer sur beaucoup de dialogues, " la fille..." propose les textes des chansons écoutées par le personnage principal pour traduire ses émotions intérieures.

Kaurismaki contextualise une fois encore son propos ( ici les évènements de la place Tiennamen en Chine), dont on voit le compte rendu télévisé. Il utilisera de nouveau le procédé dans son dernier film ( 2023). Peut-être pour répondre à l'avance aux réfutations qu'on pourrait lui opposer, en tentant de relativiser ce dont il nous parle.

On est ici simplement en présence d'un des films d'auteur les plus réussis et maîtrisés de l'histoire du septième art des dernières décennies.

Kaurismäki dans toute sa splendeur, il pousse ses choix artistiques à leurs extrêmes. Une chronique ouvrière déprimante et pourtant teinté de couleur qui se transforme finalement en marathon vengeur (un peu à la manière de la pièce Liberté à Brême de Fassbinder, mais en moins élaboré). Kaurismäki filme cette chronique telle qu'elle pourrait se présenter dans la réalité, il filme à morceau de vie quelconque dans lequel entrent les personnages, puis en ressortent, et cela pour la plupart des plans, ce qui rend le travail de montage très intéressant et très efficace. Son économie des dialogues, si propre à son style, sert parfaitement le propos du film. Iris évolue dans un univers vide fait de répétitions et de monotonie à l'image de ces machins qu'elle côtoie dans son usine, rêve et tente de s'en extirper mais ne rencontre que des embûches. Mais cette fois-ci, et c'est peu commun chez le cinéaste, le film reste relativement pessimiste quant à l'issue de cette quête désespérée.

Le moins que l'on puisse dire est qu'Aki Kaurismäki n'y va pas avec le dos de la cuiller. Réalisation sobre et efficace, où tout effet de style superflu est banni. Kati Outinen, en "petite fille aux allumettes" est très touchante. Elle fait d'ailleurs un peu pensé à Björk dans "Dancer in the dark", inspirant autant la pitié et la révolte envers le monde qui l'entoure.
La vie ne l'a pas aidé, personne ne l'a aidé, mais elle va se venger successivement de toutes les personnes ne l'ayant pas prise en considération. Un final d'ailleurs très réussi, où l'on sent parfaitement sur le visage de notre jeune fille, le sentiment de la victoire, où elle savoure chaque instant un par un. Même les moments où elle fume sa cigarette sont excessivement fort, geste anodin mais qui témoigne avec justesse d'une liberté retrouvée.

Difficile d'écrire que cette œuvre de Kaurismaki est la plus belle de sa filmographie tant celle-ci est riche. Pourtant, nous sommes ici en présence d'une véritable pépite, d'une densité et d'un tranchant rarement égalés. Kati Outinen est encore une fois parfaite dans le rôle de cette jeune femme sacrifiée qui décide que "trop, c'est trop". L'auteur concentre sa caméra sur les personnages qui entourent l'héroïne, tous plus vils les uns que les autres (son frère excepté, qui vit d'ailleurs dans un appartement très kaurismakien : juke-box billard).
Amateur des mélos du ciné américain des années 40 et 50 aux couleurs chaudes, le réalisateur recrée une atmosphère décalée, résolument tournée vers le passé, pour conter une histoire terrible qui finit par glacer. Cette opposition donne au film toute sa force, intacte, un quart de siècle après sa sortie en salles.

4 étoiles car c'est indiscutablement un grand film,presque muet, d'un auteur filmant parfaitement de manière simple et pure son sujet.Ici aucune concession,juste la musique finale et ses paroles bébètes auraient du faire place à un silence encore plus glacé que tous les précedents.Un beau film est une chose,le bonheur qu'il apporte une autre. J'en suis sorti glacé,désespèré tant les personnages presque infirmes de la parole sont égoîstes.Kaurismaki n'est pas un optimiste,c'est le moins que je puisse écrire.Son héroïne,kati Outinen (qui aura plus l'occasion de montrer son grand talent dans "l'homme sans passé")est certes handicapée par son milieu familial mais encore plus par une naïveté coupable qui se revèle parfaitement lorsqu'elle écrit une lettre.L'intelligence et la bonté sont totalement absents de ce film,il faut en être prévenu.Il n'y a strictement rien à retenir en dehors de "l'art cinématographique".La misère et le malheur à la façon Zola me sont connues et dans de nombreux cas peuvent trouver des solutions heureuses.J'aimerais qu'un habitant d'Helsinki me dise que des gens comme cela n'existent pas, car tels qu'ils sont présentés: autant qu'ils vivent en prison,cela ne changera rien pour eux et ils ne feront plus de mal aux autres.

C'était soporifique, j'ai trouvé les plans beaucoup trop long, je veux dire c'est bon on a compris , pas besoin de faire un plan de je ne sais combien de minutes. Je vois ou le film veut en venir, mais il n'a pas réussi à me toucher ou à m'interpeller. C'est dommage.

Un des films qui m'a le plus marqué. Impressionnant et très fort, malgré seulement 3 répliques. La claque.

Glaçant.