Alors attention, ne vous fiez pas au titre ni à la distribution de ce film ! Ce n’est parce que l’on s’intitule Chaos et que l’on se permet d’avoir en tête d’affiche Jason Statham et Wesley Snipes qu’on va casser la baraque ! C’est vrai que ce long-métrage de Tony Giglio avait tout pour n’être qu’une série B d’action de plus, comme c’est à chaque fois le cas avec l’interprète du Transporteur. Mais vous allez voir que Chaos n’est pas ce qu’il semble être. Pour le meilleur des cas ? Cela reste à voir…
Une banque de Seattle est braquée par cinq hommes cagoulés au petit matin, tout le personnel pris en otage. Le leader demande alors à la police de faire intervenir Quentin Conners en tant que négociateur. Lui qui est pourtant suspendu après une bavure. Et puis… comme par enchantement, les braqueurs disparaissent ! Entraînant ce cher Conners et son nouvel équipier commis d’office dans une enquête qui les conduire jusqu’au chef de la bande, qui laisse quelques cadavres derrière lui. Et si après avoir lu cela, vous trouvez que le scénario ne vole pas bien haut, c’est normal !
Chaos, c’est plus une sorte de polar à la sauce buddy movie qu’un divertissement qui en met plein la vue. Où deux flics que tout oppose (un aux méthodes peu orthodoxes et dur-à-cuire, l’autre un jeunot en costard cravate qui semble bien coincé du bulbe) doivent pourtant s’associer pour retrouver la trace d’un bien méchant bandit (cela s’entend à ses répliques puériles) qui n’est autre qu’un ancien flic ! Aha, premier coup de théâtre ! Car Chaos, c’est aussi ça : des révélations qui tombent du ciel comme s’il en pleuvait ! Et le chaos dont il est question, c’est bien cela !
Pas de fusillade, d’explosion ou de séquence de destruction à la Transformers. Pour comprendre ce qu’est le chaos, il faut au préalable avoir vu Jurassic Park où un certain Ian Malcolm. Ce mathématicien qui vous enseignait en une seule séquence ce qu’est la théorie du chaos. Un système dynamique rigoureusement déterministe (il s’agit d’un braqueur que les héros sont sûrs de trouver, car cela est prévu depuis le départ), mais qui se montre instable via quelques imprévisibilités (qui est exactement le braqueur, le rôle de Conners dans toute cette affaire, le lien entre les deux hommes…). Sur le papier, présenter ainsi une série B pouvait la rendre sympathique, voire travaillée (contrairement à tous les films de ce genre). Malheureusement, c’est justement son statut de « petit film » qui fait défaut à ce dernier.
C’est beau de proposer une idée. Encore faut-il que le reste du film parvienne à la retranscrire. Et avec Chaos, c’est l’anarchie totale ! Comment peut-on accrocher un tel scénario si le film, dans son ensemble, se montre inintéressant ? Des exemples, ce n’est pas ça qui manque ! Quelques situations parfois grotesques (le coéquipier de Conners qui se lance dans des moments de réflexions incohérentes et même dans des monologues philosophiques), des personnages secondaires qui ne servent que de meubles à l’intrigue, une mise en scène plate au possible, un manque d’ambiance certain… Sans compter que le film se montre par moment mou de genou (un peu d’action à la Statham n’aurait vraiment pas été de refus !) et que, étonnement, l’humour reste absent. Difficile d’accrocher dans ces conditions !
Mais il faut bien reconnaître à Chaos son audace à livrer autre chose que de l’action pure et dure. Et pour cause, le film a voulu nous montrer Statham et Snipes dans un autre genre que celui de tirer sur les gens à tout-va. Surtout que les deux acteurs ne s’en sortent pas trop mal (ce n’est pas comme tout ces bras cassés qui les accompagnent dans ce film). Statham abandonne sa mauvaise habitude d’être inexpressive pour se montrer hautain, brutal et moqueur (un regard malicieux et un sourire au coin des lèvres, cela fait toute la différence). Et Snipes, on a beau raconter tout ce qu’on veut sur lui (le revers de sa carrière, son côté diva, sa violence…), il faut bien avouer qu’il a encore du charisme (même si on est encore bien loin de Demolition Man).
Un film de plus dans la filmographie de Statham ? Quasiment… Car malgré une idée scénaristique plaisante, Chaos ne restera qu’un film regardable le temps d’une soirée, rien de plus. Même s’il se montre supérieur à certains films de l’acteur, sorte de Jean-Claude Van Damme moderne qui continue à faire son business dans les séries B à son image. Mais bon, pas de quoi se vanter !