Le très rare Terence Malick (réalisateur de "La balade sauvage", "Les moissons du ciel", "La ligne rouge" et "The tree of life") signe en 2006 son quatrième long-métrage, sur lequel il travaillait depuis les années 1970.
"Le nouveau monde", écrit par Malick lui-même (quelle évidence !), raconte l'histoire vraie d'une jeune femme indienne, Pocahantas, mariée à un européen qui va la ramener en Angleterre, au XVIIIème siècle.
Merveilleusement délicieuse, la performance de Q'orianka Kilcher (déjà vue dans "Le grinch") est tout en nuances, et se saisit à fleur de peau. Mademoiselle Kilcher n'a rien à envier aux autres actrices professionnelles, ici, elle resplendit l'écran de par une grâce aussi féminine qu'envoûtante. Elle n'est pas habitée par son rôle, elle habite Pocahantas avec un sens inné, une aura quasi mystifiante qui démystifie toutes les légendes à son sujet (voir le "Pocahantas" animé de 1995).
A ses côtés, un casting professionnel (et bien honorable surtout !) qui n'arrive jamais à la hauteur de Mademoiselle Kilcher : Colin Farell ("Phone game", "Miami vice" de Michael Mann), toujours très bon, Christian Bale, méconnaissable, David Thewlis ("Sept ans au Tibet" d'Annaud, "Et au milieu..." de Redford), toujours dans ses cordes, et Christopher Plummer, qui a maintenant l'art de se hisser en premier second ("Révélations" de Mann, "L'armée des douze singes", ou encore le prermier "Benjamin Gates").
Les décors-costumes (le fort, le camp indien, les tenues vestimentaires...) sont très bien réalisés et rajoutent à la précision technique de Malick la pertinence de l'Histoire.
La musique de Monsieur James (Horner, bien sûr !) s'insère à ce niveau pour donner de la profondeur aux personnages, mais aussi à donner un sens à l'histoire qui se narre devant nos yeux afin que nos oreilles nous servent à toucher les déboires amoureux de Pocahantas.
Le jeu des lumières est fascinant, et à chaque plan, chaque scène, un panel de couleurs s'affichent et miroitent pour donner une expression à Dame Nature qui est à chaque fois mise en avant. La photographie sublime le tout pour toucher le spectateur à chaque plan. Le résultat couleurs-photo est magnifique, du début jusqu'à la fin : il concourt, avec la musique (dans un même éclair incandescent), à la réussite du film.
La réalisation de Malick, tout en douceur, nous emmène, au gré des courants, dans une reconstitution juste de l'Histoire. Sa patte, toujours laconique et aussi bucolique, est ainsi reconnue, tant dans le mélo que dans les scènes de bataille.
"Le nouveau monde" sera ainsi soit un chef-d'oeuvre soit une oeuvre icomprise. Je me pose entre les deux et pense qu'il s'agit d'une oeuvre à part entière qui embaume le spectateurr d'une atmosphère particulière, celle de Malick, et qui contribue à immortaliser ce film au firmament d'une part, et à nous rendre compte de notre impact sur toutes les autres civilisations (humaines, naturelles, divines...) d'autre part.
Pour résumer, nous entrons dans un monde d'Histoire plein de mystères où Malick nous incite à les toucher par nos sens (animisme, socio-éthologie...).
En d'autres termes, ce chef d'oeuvre est une force substantielle dont seuls les spectateurs découvreurs du septième art pourront atteindre. Je ne l'atteinds pas, je touche cette force, dont seul maître Malick a le secret.
Spectateurs, venez admirez ce "nouvel art".
PS : Christian Bale a déja participé au "Pocahantas" animé en tant que doubleur.