Puisque Sin City est avant tout une expérience visuelle à part entière, autant parler de ça en premier : Robert Rodriguez n'est pas allé chercher très loin, ou justement si, en reproduisant à l'écran presque chaque case du comic-book culte de Frank Miller, avec tout ce que ça impliquait : noir et blanc mélangé à quelques soubresauts de couleur jaune (ou rouge quelques fois pour le sang, et dieu sait qu'il y en a du sang), ambiance de film noir des années 40, racontant alors trois destins se liant plutôt maladroitement comme j'y reviendrai plus tard dans la ville du vice et du pêché et du nia-nia-nia, alias Sin City bien sur. Et le fait est que cette identité visuelle et son ambiance quelque peu "out of this world" lui réussit, même si on s'y habitue et la troisième histoire finit par épuiser le filon. D'ailleurs, un des premiers défauts qu'on remarque dans l'intégralité du long-métrage serait presque l'ordre des histoires, qui commence par le meilleur avec celle du personnage de Mickey Rourke, génial(e si on parle de la partie du film qui le concerne), violente et qui est pour moi la plus impressionnante visuellement, le film continue ensuite avec la partie réservée à Clive Owen, moins bonne mais toujours valable et spectaculaire dans sa faculté à nous immerser dans un univers aussi étrange avec tant d'ergonomie, car après tout, Sin City brille aussi par son "background" (d'accord en l'occurence ce terme ne colle pas vraiment en contexte mais voilà tout), qui nous donne un mélange souvent exagéré de cannibales mangeur de têtes de prostituées, de gars devenu jaune et puant après s'être fait repousser la ....etc. Et évidemment il n'y a que dans Sin City où ce genre de mélange donne seulement à une interdiction aux moins de 12 ans, clairement valable à cause d'une violence qui est peut-être des fois édulcorée par un univers des fois absolument totalement étranger au notre et du sang qui ressemble quelques fois à de la mayonnaise blanche, mais qui est souvent plutôt hard si j'ose dire, mais revenons à la liste des histoires puisqu'après celle de Clive Owen arrive celle qui m'a le plus déçu, celle étant pourtant réservé à un Bruce Willis, toujours très sympathique mais pas assez bien utilisé contrairement à un Mickey Rourke méconnaissable et plutôt jouissif. De plus, cette troisième et dernière histoire est clairement celle qui m'a le moins ravi même d'un point de vue visuel, et c'est là qu'on en vient au problème d'ordre, qui oublie l'astuce de réserver le meilleur pour la fin, de plus d'un niveau scénaristique et pour la découverte des personnages il aurait été logique d'opérer les histoires dans l'ordre : Bruce Willis (où on aperçoit Mickey Rourke en train de regarder Nancy) puis Mickey Rourke (où on voit Clive Owen qui fait un commentaire en voix-off sur Mickey) puis enfin Clive Owen : un procédé scénaristique qui est de découvrir chaque "personnage-mystère" dans la prochaine partie. Et puisque je parle de ça, autant dire qu'au niveau de l'attache entre les 3 parties, on est clairement loin de Pulp Fiction, Tarantino étant pourtant Co-réalisateur (oui ça n'explique rien, et alors ?), puisque par exemple la partie de Clive Owen n'a absolument rien à voir avec les deux autres à part le fait que ça se passe dans la même ville, ce qui est le minimum syndical mais tout de même... Enfin bref, arrêtons de crier sur ce film puisque ce qu'il en reste c'est un excellent divertissement, bizarre, violent, saignant, très surprenant quelques fois d'un strict point de vue visuel, et qui mérite le quasi-statut de film culte que les fans lui profèrent. Conclusion : Bref, que du bon. Enfin presque, cf le début de ma critique...