Même si Frank Miller est déjà un habitué des adaptations ciné (''Dardevil'', ''Elektra'', ''Batman''...), s'attaquer à ce que les fans appelle "LE chef-d'oeuvre" de Miller, Sin City, était un pari osé, voire suicidaire. BD à l'atmosphère oppressante, sombre, violente, sans morale, au graphisme très personnel...en toute sincérité, j'y croyais pas trop (surtout après les désastres de ''Dardevil'' et ''Elektra''). Cependant, le fait que ce soit Robert Rodriguez qui s’en occupe me laissait une once d'espoir. Alors, que vaut donc ce ''Sin City'' ?? Et bien je ne peux vous cachez le choc que ça été lors de sa vision : grâce aux merveilles de l'infographie, Rodriguez nous entraîne dans un univers sombre digne des plus grands polars du 7ème Art. Entièrement tourné en noir et blanc avec parfois quelques couleurs rajoutées pour insister sur un détail de l'image, les personnages évoluent dans un environnement totalement virtuel : tous les décors sont en synthèses à la façon de ''Captain Sky et le Monde de Demain''. Visuellement, c'est une pure merveille et, surtout, cela donne de la force à l'univers de ''Sin City''. On se retrouve aspiré dans ce monde malsain, corrompu et dangereux....bluffant...une véritable révolution visuelle. Quant au scénario, nous nous retrouvons avec un exercice de style qui n'est pas sans rappeler celui de ''Pulp Fiction'' : trois histoires centrés sur trois persos différents présentées dans un désordre chronologique; dont le seul point commun n'est autre que l'histoire intervient à cause d'une femme. Oui, les femmes sont le centre de ''Sin City'', et même si elles allument la braise, si elles représentent un côté "doux" à cet univers; elles savent se battre et n'ont rien à envier à leur homologues masculins lorsqu'il s'agit de faire parler les guns !! Dans chacune de ces histoires, nous avons un trombinoscope assez impressionnant : filles ou mecs, ce sont des paumés, des tueurs, des escrocs, des personnes qui ont décidé de devenir ce qui les entoure afin de pouvoir survivre dans cette foutue ville. Tantôt intriguant, tantôt irritant, tantôt attendrissant, on ne peut qu'accepter leurs choix et suivre leurs péripéties. De plus, le casting est aussi l'une des réussites de ce film : Bruce Willis nous campe un Hartigan très convaincant, flic qui ne lui reste que son honneur et c'est déjà beaucoup. Mickey Rourke est méconnaissable en Marv, délinquant attendrissant qui veut juste venger la mort de la seule femme qui lui accorda un peu de tendresse. Clive Owen nous campe un Dwight intriguant, assassin recherché et justicier des bas-fonds à ses heures perdues. Jessica Alba est plus que sexy dans son rôle de la petite Nancy. Benicio Del Toro est une magnifique ordure comme le cinéma nous en a rarement montré dans le rôle de Jackie Boy. Et il ne s'agit là que des principaux personnages. Même les "seconds rôles" (peut-on vraiment parler de seconds rôles dans un tel film ?) sont excellents dans leur composition : Elijah Wood dans son rôle de monstre humain, bien loin de son rôle de Frodon !! Rosario Dawson est magnifique en femme fatale. Jamie King est superbe dans son double rôle d'ange/démon des jumelles. Josh Harnett est plus qu'un gentleman lorsqu'il introduit et conclu le film avec son assassin. Michael Clarke Duncan est parfait dans son rôle de nettoyeur salaud venu s'occuper des filles. Devon Aoki est une charmante mais mortelle guerrière des bas-fonds et que dire de Nick Stahl, fulgurant dans le rôle de Yellow Bastard, sans conteste l'un des plus beaux enfoirés du cinéma !! Avec de tels graphismes, un scénar simple mais efficace (qui suit parfaitement les comics originaux dont il est tiré) et un casting d'enfer, Rodriguez ne pouvait pas se planter et nous livre un petit joyeux onirique, polar sombre et brutal et le plus beau cadeau qu'il pouvait faire à Frank Miller !! Expérience intéressante à vivre, ''Sin City'' mérite le coup d’œil même s’il n’est pas à mettre entre toutes les mains.