L'histoire d'un sacré enculé dans un monde d'enculés, qui va retrouver des souvenirs de "quand il était encore un homme dans un monde d'homme" (c'est-à-dire en France, hé hé).
Rarement un film aura autant été méprisé par la critique. Au point que je me pose des questions sur ma propre intelligence, sinon finesse d'analyse. Est-ce parce que tout va bien pour moi ou presque que je deviens doux comme un agneau face à une comédie ? Suis-je subjugué par la (totale absence de) « touch of » Ridley Scott, ou enfin suis-je impressionné par la simplicité et le naturel d'un australien que l'on n'imaginait pas dans ce rôle ? A moins que le choix esthétique des actrices ne m'ait scotché à mon siège ?
La question mérite d'être posée car dans ce film, j'ai retrouvé tout ce que j'adore. Les poncifs qui n'en sont pas sur l'hédonisme français et la soif d'argent des britanniques. Les femmes intelligentes et exigeantes (et belles). La facilité à rire de tout parce que le plaisir dépend de l'humour qui ne peut être limité par quoique ce soit, tout en évitant le cynisme si possible. En aimant la bonne chère aussi bien physique que stomacale. En supportant le soleil quand il fait dans la bonne mesure, ni trop chaud pour ne pas tout cramer, ni trop froid pour ne pas se croire en Angleterre, hé hé. Bref, la France quoi.
Le scénario est en béton, n'en déplaise à certains. En plus d'une histoire sympa, on a la merveilleuse petite morale des années 30 et la Dolce Vita du Sud de la France non méditerranéenne.
Il y a aussi le parcours intellectuel d'un homme qui a tout réussi mais qui n'est pas devenu paresseux pour autant. Un homme qui peut se permettre de critiquer les riches, surtout quand leur fortune ne dépend plus que de la tromperie et du bluff. LE Ridley Scott quoi.
Bref c'est une parfaite petite comédie, jouée avec excellence et plaisir non dissimulé, remplie de clins d'oeil aux films des années 40/60 français, qui nous plonge en plus dans l'émotion de bonne facture, loin des bluettes pour vieilles filles. Le plus amusant étant sans doute la composition de Bourdon, inattendue et superbe.
Alors, autant pour la critique de Télérama, je comprends son point de vue si elle n'aime pas qu'on crache sur le business, encore faudrait-il qu'elle s'interroge sur ses fréquentations par affinités, et de l'intérêt de faire de la critique de film avec autant de bagage culturel dans son sac Vuitton ! Autant pour les autres, je ne sais plus que penser. Suis-je le plus bête, ou sont-ils blasés à ce point de ne plus discerner un petit bijou.
De toute façon, dans la carrière de Scott, il fera date, l'homme est mûr, et il n'a plus peur de le montrer. Il nous fait en plus profiter de la virtuosité de sa filmique, sans pour autant imposer un style. Une leçon que son frère et d'autres comme Woo ou Tarentino devraient méditer.
Finalement, la seule chose qui manque à Ridley, c'est d'avoir une héroïne positive dans un film, pour concurrencer Soderbherg. J'entends par là que les deux copines de « Thelma et Louise » n'étaient pas représentatives de la positive attitude sans rien enlever à la qualité dudit film.