Ne vous affolez pas, je sais très bien que vous vous moquez éperdument de ce film, passé plutôt inaperçu lors de sa sortie et lynché par la critique, à juste titre d'ailleurs. Alors est-il vraiment nécessaire d'en rajouter une couche – car il n'y a aucun suspense, c'est bel et bien une daube ? Evidemment que non. Mais depuis que j'ai sombré en léthargie devant bon nombre des films de Ridley Scott, j'entretiens comme qui dirait une sorte de haine envers lui, et je ne rate jamais l'occasion de lui casser du sucre sur le dos. A plus forte raison lorsqu'il me tend des perches aussi énormes ! [...] Je vais maintenant demander au scénariste de faire preuve d'un peu de patiente, son tour viendra. Mais pour l'instant, c'est Russell Crowe qui va se prendre le paquet ! Car il y a un très, très gros problème de casting dans le film. L'acteur, pas crédible une seule seconde, se glisse dans la peau d'un boursier – ou plutôt glisse à côté. On comprend vite qu'il est sensé jouer le mec cynique et plein d'assurance, un peu décalé. Mais Crowe est juste ridicule. Didier Bourdon serait presque plus crédible dans le cliché ambulant qu'il incarne – celui du bon vieux vigneron qui a les mains dans la terre depuis trente ans. Et des clichés, il y en infiniment plus dans le film. Au moins tous ceux de la petite comédie romantique lambda – il arrive que cela fonctionne ailleurs, mais certainement pas chez Scott. Rappelez-vous également que le film se passe en France ! Et oui, l'incontournable Citroën, du Charles Trenet et, histoire de rendre le tout ultra moderne, un petit coup d'Alizée. Non, ce n'est pas une blague : Alizée, la "chanteuse". S'enfonçant toujours plus dans leurs pulsions autodestructrices, Scott et son scénariste iront jusqu'à tenter de faire de l'humour. Visiblement inconscients de leurs lacunes dans le domaine, ils feront même répéter plusieurs fois à leur personnage que la comédie est avant tout une question de timing. Tu parles d'une leçon, merci ! S'ils ne s'attendaient pas à se la reprendre en pleine tronche celle-là... Mais en parfait gentleman que je suis, je m'abstiens – la belle Marion Cotillard est quand même du casting ! Quand un cinéaste à la sensibilité de bûcheron s'attaque à la comédie romantique, avec un pote pas vraiment à l'aise avec ses émotions dans le rôle titre, voilà le résultat. Comme on pouvait s'y attendre, Ridley Scott a un égo infiniment trop démesuré pour se la jouer intimiste provincial, et son film en devient carrément pitoyable. Reste certains vieux rouages qui fonctionnent toujours, mais Une grande année demeure beaucoup trop long. La comédie, au même titre que la romance, étant totalement absente du métrage, on en vient vite à se questionner sur sa raison d'être. Clairement pas un grand cru. [Extrait de RedRoss.fr : site de critiques ciné]