Au cinéma, deux acteurs français ont prêté leurs traits à Jules Bonnot : Bruno Cremer dans La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié en 1968 et Jacques Gamblin dans l’adaptation de la série télévisée Les Brigades du Tigre en 2006. Voici la vision que ce dernier nous présente de ce célèbre gangster : “Anarchiste, révolté, ayant soif de pouvoir. Froid, déterminé, violent quand il faut. Dans le film, un peu Robin des Bois (…) Il défend un idéal et pour cela s’associe à des anarchistes pour former la célèbre Bande à Bonnot, ils vont détrousser les riches pour donner aux pauvres enfin, pas vraiment. Mais Bonnot, c’est surtout un type qui sait qu'il va mourir. Pourtant il met le temps, la mort de Bonnot, a été un moment épique dans l’histoire : 2000 policiers, un siège de 9 heures autour de sa planque, des milliers de gens qui arrivaient de partout, de Paris, en banlieue, pour voir mourir celui qui les avait terrorisés pendant des années. Le grand génie de Bonnot, c’est de s’être servi du modernisme. Il a utilisé des voitures pour braquer, voitures dont les flics, à l’époque, étaient très mal équipés (…) C’est une des raisons pour lesquelles il reste dans les mémoires, parce qu’il s’est servi des voitures pour aller plus vite.”
Les Brigades du Tigre n'est autre que l'adaptation de la célèbre série qui vit le jour en 1974 sur Antenne 2. Créé par Claude Desailly, ce feuilleton était un fascinant voyage dans le temps, dans la France du début du XXème siècle, à travers les enquêtes des inspecteurs Valentin (Jean-Claude Bouillon), Terrasson (Pierre Maguelon) et Pujol (Jean-Paul Tribout). Si la série fait partie du patrimoine télévisuel français depuis son arrêt en 1983, la musique de son générique est elle aussi passée à la postérité grâce au thème au piano composé par Claude Bolling.
Jean Dujardin, Lorant Deutsch et Vincent Perez font partie des nombreux acteurs à avoir été approchés pour incarner les fameux mobilards des Brigades du Tigre.
Jérôme Cornuau a accepté deréaliser le film à condition de pouvoir participer au travail d'écriture. Au départ, l'histoire était très centrée sur l'action et sur l'épopée historique, il a alors apporté sa vision des personnages, notamment de Constance, car il lui semblait important qu'il y ait un personnage féminin fort. "Bien sûr, elle faisait partie du scénario, explique-t-il, mais elle était une figure énigmatique et méchante et n'existait que sur trois séquences. J'ai donc développé ce personnage afin que Constance soit plus présente et j'ai surtout étoffé sarelation avec Bonnot."
Pour Jérôme Cornuau, Diane Kruger était "la personne qu'il fallait, elle a un côté héroïne hitchcockienne dans la plastique, un peu froide. Mais en même temps, poursuit-il, on a réussi à amener beaucoup d'humanité et de fragilité. Elle a construit un personnage très beau. Aujourd'hui, avec du recul, je vois peu de comédiennes françaises de son âge qui auraient pu faire ça. Je l'apparenterais plutôt à une comédienne anglo-saxonne dans son approche du travail. Enfin, c'est une actrice qui a encore une image relativement vierge, donc elle amène de la nouveauté au film."
Jérôme Cornuau connaît la plupart de ses collaborateurs, parmi lesquels le chef décorateur Jean-Luc Raoul, le chef monteur Brian Schmitt, le chef opérateur Stéphane Cami, depuis plus de 15 ans. Travaillant avec tous de la même façon, le cinéaste n'arrivait jamais sur le tournage avec une accumulation de documents, mais préféraitleur parler d'impressions, de choses ressenties. "Je donne des références de tableaux, de films, de livres, explique-t-il. Comme ces indications sont, il me semble dumoins, à peu près cohérentes, nous finissons tout naturellement par travailler dans lamême direction."
Dans le numéro 94 du magazine Ciné Live, Jérôme Cornuau développe ses partis pris de mise en scène : "Je ne filme pas les membres de la Brigade de la même manière que je filme la préfecture ou les anarchistes. Par exemple, pour filmer les Brigades, on utilise la steadicam, car les inspecteurs sont toujours en mouvement, et pour les anarchistes, c'est en "cadre épaule" pour leur côté instable, écorché."
Olivier Gourmet se souvient de son appréhension au moment d'incarner l'inspecteur Terrasson avec l'accent du sud : "Avant de commencer, j'ai dit à Jérôme Cornuau : je veux bien essayer de faire l'accent, mais si ça ne va pas on arrête tout de suite. Je n'avais pas envie que le spectateur se dise : Gourmet, il essaie de ressembler à Pierre Maguelon (celui de la série) qui avait l'accent. Alors, j'ai essayé et quand j'ai commencé à m'amuser avec ce personnage, très vite, je ne l'ai plus imaginé sans accent. Ca participait totalement dupersonnage : solaire, qui parle avec les mains, avec le corps, qui est généreux. Il a une autre philosophie de la vie que Valentin et Pujol."
Aux Brigades du Tigre, on tire plus vite que son ombre... Le premier volet n'était pas encore sorti en salles que les scénaristes Xavier Dorison et Fabien Nury s'activaient déjà à l'écriture d'un Brigades du Tigre 2 avec la bénédiction du producteur Manuel Munz.
Sur les conseils de Célestin Hennion, alors directeur de la Sûreté générale, le ministre del'intérieur Clemenceau, dit "Le Tigre" créa, en 1907, douze brigades régionales de policemobile : "Les Brigades du Tigre". L'enjeu était de taille : contrer la violence et lebanditisme qui saignaient la France jusque dans ses campagnes. Les mobilards sedevaient d'être l'élite et la fierté d'une police nationale qui s'adaptait à son époque. Ils étaient entraînés en conséquence et recevaient une formation des plus exigeantes : maîtrise de différentes techniques de combat, tir au pistolet, savate, maniement de la canne, rienne devait leur échapper. Ils bénéficiaient également des dernières technologies dansleurs méthodes d'investigation et pouvaient compter sur les débuts de la police scientifique. Ils optimisaient ainsi leur travail à l'aide de portrait-robots, empreintes digitales et autopsie. Sur le terrain, leur vitesse, leur précision et leur réactivité étaient décuplées par l'usage de la voiture. Les résultats étaient à la hauteur des moyens alloués : début 1909, les "Brigades du Tigre" comptabilisaient 2 500 arrestations sur le territoire français.