Elektra est un spin-off de Daredevil, et à vrai dire, cela se ressent fortement. Le problème étant que Daredevil n’était pas, loin s’en faut, la meilleure adaptation de comics. Il y a des éléments positifs, et par rapport à Daredevil, clairement l’interprétation se distingue. Jennifer Garner livre une prestation très solide. Si son personnage est malheureusement très superficiel, elle parvient à lui donner un coté attachant, et surtout, à traduire parfois les troubles qui peuvent l’animer. Par ailleurs elle impose une belle présence physique. A ses cotés Kirsten Prout joue avec une certaine finesse elle aussi, et m’a surpris. Goran Visnjic lui n’a pas grand-chose à faire, et ne retient pas l’attention. Terence Stamp est un acteur de qualité, qui a de l’expérience, lui aussi son rôle est assez médiocre, mais il s’en sort avec les honneurs. Du coté des antagonistes, rien à retenir du point de vue des prestations, par contre il y a quelques personnages originaux et bien vus, en particulier Tattoo. En clair ca ne crève pas le plafond mais c’est nettement mieux que dans Daredevil, où l’on avait un Ben Afleck passable et des méchants pathétiques.
Sur le scénario c’est dommage d’avoir livré une histoire si basique. Le coup d’Elektra tueuse à gage c’est vraiment très mauvais, car déjà vu mille fois du chef-d’œuvre à la série Z. Le déroulement ne livre vraiment pas de grands moments, et s’avère toujours trop superficiel. Le film dure 1 heure 30, c’est trop peu pour exploiter le potentiel du comic. Par ailleurs il y a beaucoup de passages difficiles à comprendre, non pas nécessairement de ceux qui n’ont pas vu Daredevil, mais surtout de ceux qui ne connaisse rien du personnage principal. Ce n’est pas le pseudo-rattrapage au début qui éclairci vraiment l’histoire. L’ensemble donne un peu l’impression d’avoir été vite expédié. Le rythme n’est pas trop mauvais, c’est déjà ca.
Sur la forme, Bowman n’est pas au point. La mise en scène est saccadée, hachée, bourrée d’effets de style mal maitrisés. C’est très proche de ce que Johnson avait fait sur Daredevil finalement. Les scènes d’action sont du coup assez faiblardes, peu lisibles, et ceux qui attendent que ca dépote sérieusement peuvent passer leur chemin. La photographie n’est pas mauvaise, et par moment s’avère même assez classieuse. Il y a une certaine élégance qui se dégage de l’ensemble. Je note des décors pas désagréables, qui sans casser la baraque confère une esthétique plaisante au film. Néanmoins ce sont surtout les effets spéciaux qui m’ont surpris. Le budget d’Elektra n’est pas immense, le film à déjà quelques années, et pourtant le travail sur les fx est à la hauteur. En dehors d’une ou deux incrustations moyennes, et de quelques effets un peu mal foutus (les loups dans la forêt par exemple) l’ensemble tient la route avec une mention spéciale pour l’aigle et les serpents, fort réussis. Dommage qu’une bonne musique ne vienne pas rythmer l’ensemble.
En clair, Elektra est un métrage faible, mais supérieur à mon sens à Daredevil, surtout du fait de son interprétation. Il donne trop l’impression d’avoir été balancé à la va vite, et de ne pas avoir bénéficié d’une réelle préparation, devant sans doute surfer sur la vague Daredevil qui n’avait pas si mal marché que cela financièrement parlant. Avec plus d’écriture, une bonne trentaine de minutes en plus pour poser l’univers, l’atmosphère et les personnages, et l’annihilation de la très mauvaise influence « Steven Johnson » qui ruine généralement tout ce qu’elle approche de trop près, Elektra aurait pu vraiment être un bon film.