Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
4,0
Publiée le 19 septembre 2020
Excellent film. Les acteurs sont fabuleux, surtout les personnages féminins. La réalisation est magistrale, et les cadres et la lumière fascinante. Je regrette seulement que la dimension didactique soit parfois trop insistante.
Un homme, brûlé au visage, n'accepte pas sa condition d'homme en bandelettes. Un médecin lui propose un masque pour cacher son handicap. Il devient alors un autre homme, mais son nouveau visage le change, il croit être un autre homme, mais sa femme le reconnaît sans rien lui révéler. spoiler: Il tuera son médecin.
Très beau film de Teshigahara sur un thème très original : l'apparence physique, son influence sur le comportement humain. Les problèmes psychologiques liés au physique, pour une femme comme pour un homme. Le rapport entre masque/maquillage et la réalité, vérité/mensonge. Il y a de bons dialogues et surtout une réalisation presque irréprochable : un beau noir et blanc, une recherche stylistique prononcée. Un très beau film.
Tout vous emporte dans ce film. Outre le traitement d'un finesse exceptionnel sur les thèmes de l'identité, corporel et moral, l'esthétique de l'image et le brio de la mise en scène vous captive dans les chemins parallèles de ces deux âmes mutilé à leur visage. Rares sont les films qui vous marque à ce point.
Je ne sais pas si c'est le 1er film à traiter de ce sujet mais pour un film des années 60, on peut dire que Hiroshi Teshigahara a fait un travail remarquable. Si l'on passe outre la qualité cinématographique de l'époque (le noir et blanc laisse un peu à désirer et la prise de son est souvent exécrable), le scénario est brillant, d'une grande intelligence, explorant de manière quasi philosophique l'importance du visage dans notre monde et je me rends compte Ô combien d'oeuvres ont repris ce thème depuis. La réalisation est excellente. Le maquillage est parfait au point que je ne saurai dire à quel moment on voit la prothèse ou le véritable visage de l'acteur. Il y a des scènes très fortes émotionnellement sur lesquelles Teshigahara n'a pas hésité à stopper l'image pour nous faire une projection de photos lourdes de sens. Il met ses personnages dans des décors étranges (la brasserie allemande), souvent abstraits et la musique d'ambiance délirante de Takemitsu en plus font que j'ai souvent pensé à Lynch. Un vieux film mais certainement un classique qui ravira les plus cinéphiles d'entre nous...
Fascinant. «Le Visage d'un Autre» constitue un modèle d'épure stylistique et d'audace formelle (oui ça peut être compatible, rarement il est vrai), mais aussi de richesse thématique. Hiroshi Teshigahara et Kôbô Abe n'en finissent pas de poser des questions, sans pour autant apporter des réponses définitives. Qu'est ce que l'être? Qu'est-ce que le « moi »? Qu'est-ce que le visage? En quoi est-il si important? Qu'est-ce que l'identité? Qu'est-ce que le corps? Qu'est-ce que l'autre? Qu'est-ce que l'amour? Qu'est-ce que l'apparence? Qu'est-ce que la liberté? Qu'est-ce que la vérité?... Et on pourrait continuer des heures de la sorte. L'aspect visuel, en partie tributaire de la Nouvelle Vague française, est une merveille de suggestion (en plus d'être très beau) : comment évoquer beaucoup en montrant peu. Assurément du grand art. Ce long métrage est d'ailleurs marqué par la collaboration des plus grands artistes japonais du moment : Teshigahara à la réalisation, Abe au scénario, Takemitsu à la musique, le célèbre Tatsuya Nakadai en héros sans visage et Machiko Kyô, décidément ayant joué dans tous les films majeurs de son temps, en épouse désemparée. A cela s'ajoutent les tout aussi remarquables Mikijiro Hira, en médecin peu scrupuleux, et Miki Irie en jolie jeune fille défigurée à vie. C'est par l'intermédiaire de cette dernière que les auteurs vont introduire le souvenir douloureux qui a bouleversé à jamais le Japon : l'horreur d'Hiroshima et de Nagasaki. Le traumatisme fut extrêmement violent, et «Le Visage d'un Autre», comme tant d'autres films japonais, en porte d'irrémédiables séquelles. Il s'agit donc d'un long métrage terriblement puissant, esthétiquement comme thématiquement, et d'autant plus nécessaire qu'il condense à la fois l'universalité de son approche philosophique et la subjectivité de son âme japonaise. Indispensable. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Bon et bien je crois que je n'aime pas le cinéma de Hiroshi Teshigara, car ce film ne m'a guère plus convaincue que "Traquenard" ; on se demande où veut aller le cinéaste ? Si c'est pour nous réveler qu'on porte tous un masque qui nous permet de passer incognito c'est un lieu commun. Suis bien déçue...
Une gifle que ce film! Quel feu d'artifice créateur! On est aux antipodes de la post-modernité consumériste avec son néoacadémisme sucré ou son minimalisme hypovitaminé. «Le visage d'un autre» (1966) représente le point de cristallisation géniale de la collaboration Teshigahra-Takemistu-Abe. Okuyama, défiguré suite à un accident de travail, accepte de participer à une expérience imaginée par son psychiatre. Pourvu d'un masque, il va tenter de se forger une nouvelle identité, essayant notamment de reconquérir sa femme qui l'avait délaissé. Rappelant par certains côtés «Les yeux sans visages» de Franju, le film se présente à nouveau comme une parabole et propose une méditation très riche sur le thème de l'identité et sur le rôle médiateur du visage dans l'expression de celle-ci. Mais «Le visage d'un autre» est aussi un nouvel essai d'exorcisme du syndrome d'Hiroshima. Teshigahara nous conte en effet, en contrepoint de la première, l'histoire d'une jeune fille dont le visage de toute beauté est à moitié brûlé. La scène hallucinante où, alors qu'elle se suicide dans la mer, un éclair évoquant l'explosion atomique vient transformer son frère qui la regarde en quartier de viande écartelé, est emblématique de la préoccupation du réalisateur. Et que dire de sa réalisation? Les séquences se suivent, opportunément accompagnée par la musique de Takemitsu, et rivalisent d'inventivité. Je n'évoquerai que les plans situés dans le cabinet du psychiatre et qui sont d'une beauté visuelle stupéfiante ou encore la scène finale de l'assassinat, à haute valeur symbolique. Un chef-d'oeuvre du septième art à découvrir d'urgence. Deux heures de pur bonheur cinématographique!
Hiroshi Teshigahara signe là une oeuvre intelligente sur la crise d'identité d'un homme ayant perdu la face. Chef d'oeuvre, aurais-je envie de dire... Car Le Visage d'un Autre est de ces films qui trouvent un équilibre parfait entre forme et contenu. La mise en scène ( qui privilégie les longs plans fixes ) est si maîtrisée que l'on oublie presque instantanément la présence d'un cadre. Nous sommes directement confrontés au mystère enveloppant le personnage d'Okumaya ( son visage défiguré n'apparaît pratiquement jamais à nos yeux : Teshigahara oriente d'emblée notre bon sens vers une absence de repères ). L'oeuvre commence comme un drame mais lorgne rapidement du côté du fantastique. Ce changement de tonalité correspond au changement d'humeur d'Okumaya ( preuve pertinente d'un équilibre ). Le Visage d'un Autre n'en finit pas d'interroger : l'apparence forge t-elle l'identité ? L'odorat est-il source de discernement ? La liberté est-elle introspective ? Un accident somatique peut-il créer des troubles psychiques ?... Un sujet formidable propice à l'herméneutique, accompagné de la magnifique musique de Toru Takemitsu. En bref, il s'agit d'un classique incontournable, d'une oeuvre complexe et troublante. Alors chef d'oeuvre ? Assurément.