Hambourg. Cahit est au bout du rouleau, il fonce dans un mur avec sa voiture. Clinique psy : Sibel, hospitalisée pour s'être tailladée les veines, lui demande s'il est turc et s'il veut l'épouser. Elle ne supporte plus le poids autoritaire de sa famille et notamment de son frère qui ne la laissent pas vivre. Il accepte le mariage pour l'aider mais chacun fera sa vie de son côté. "Head on" est une tentative pour elle et pour lui d'échapper au gouffre. Elle s'émancipe à outrance, tandis que lui, peu à peu touché par elle entame le chemin de la sérénité. Le sang, omniprésent, a ici une valeur libératrice, il provoque les événements suivants et, tel Cahit dansant les bras qui en dégoulinent, il a ici une valeur quasi rituelle. On n'est jamais dans la mort, mais dans l'ultime. Une histoire de barges, dont les moments forts sont séparés par les interludes poétiques d'un orchestre traditionnel, qui passe par tous les côtés glauques de la vie sans jamais sombrer dans le voyeurisme morbide. Une rencontre improbable, explosive, il la traite de salope et lui dit de fermer sa gueule le jour du mariage, mais dont le charme dépasse tous les attributs trash. Coke, alcool, , violence et sang... ne sont jamais choquants, car nous sommes dans le parcours, la tentative de survie. "Head on", malgré sa noirceur, est un film très beau, gonflé de vie et c'est là qu'il gagne. Un duo magnifique, un scénario qui nous tient jusqu'au bout, avec une mise en scène certes pas très recherchée (j'ai lu certaines critiques), un passage crucial tronqué dans le scénar mais on s'en fout royal, Akin nous emmène avec force là où on ne sait pas, dans la poésie incertaine d'une rencontre.