N'ayant pas vu "Infernal Affairs" je n'ai malheureusement aucune idée de l'utilité du film de Scorsese en tant que remake, toute la tragédie serait d'aimer un remake plan-par-plan de l'original sans rien en savoir. Mais je lui laisse le bénéfice du doute en attendant de jeter un œil sur le film Hong-kongais, jugeons le film pour ce qu'il est. Et pour ce que c'est, c'est du grand cinéma ! L'intrigue foutrement longue et dense (et de ce que j'en ai pu lire, assez éloignée de celle de l'original) passe pourtant sans aucun mal même si, comme moi, les univers mafieux ne sont pas forcément (voire du tout) votre tasse de thé. Les 2h30 du film ? On ne les sent simplement pas passer. Scorsese a décidément un vrai talent pour raconter des histoires, c'est indéniable. Et encore une fois je n'ai pas vu ne serait-ce qu'une bande-annonce de l'original, mais je me risquerai à dire qu'en tant que remake, celui-ci assure par sa ré-interprétation. Les remakes Américains ont plus que souvent l'habitude de transposer l'histoire aux USA et si c'est souvent grossier, ici l'histoire (remodelée ou non) se ré-inscrit à merveille dans la culture banlieusarde Américaine. Scorsese y va aussi de son petit commentaire en filigrane sur l'identité, l'appartenance, la figure paternelle et la virilité, des thèmes explorés avec sérieux et la subtilité nécessaire pour qu'on n'y prête pas forcément d'attention au premier coup d’œil. Ce sont bien sûr les personnages qui contribuent à rendre chaque scène mémorable (et c'est honnêtement à peine exagéré), et une belle brochette de comédiens est là pour donner vie à tout ce petit monde. Matt Damon es très juste, mais dommage pour lui, il ne peut que s'écraser face au reste du casting. Leonardo DiCaprio, dont chaque coup de gueule semble plus vrai que nature, est comme toujours excellent et Mark Whalberg crève l'écran en second couteau constamment à bout de nerfs et à la vanne facile. Mais la palme de l'interprétation va sans surprise à Jack Nicholson dont chacune des apparitions marque les esprits. Les acteurs sont fabuleux, la réalisation est impeccable, la narration est très claire sans être dénuée de seconds niveaux de lectures...du coup est ce que l'enculeur de mouches que je suis aurait un truc à lui reprocher ? Oui. L'utilisation de la musique de Martin Scorsese qui fait nawak. Sûrement pas les musiques en elles-mêmes, elles sont superbes, mais justement, passer la même chanson (Gimme Shelter) pas moins de quatre fois pour un oui ou pour un non ça diminue complètement son impact, et surtout passer Baby Blue en fond sonore, là où elle pourrait être changée par n'importe quelle autre et tout juste assez forte pour à peine l'entendre, ça relève du blasphème monsieur Scorsese. Vous me recopierez 50 fois "Tu ne prononceras point le nom de l'éternel en vain", et que ça ne se reproduise plus.