Un vrai chef d’œuvre de David Cronenberg, qui s’impose comme étant l’un des films phares de la décennie 2000. Époustouflant pour ses interprétations absolument remarquables de la part de William Hurt, Viggo Mortensen ou encore Maria Bello.
Personnages monstrueux, mais qui évoluent de manière soit positive ou négative, le film effectue un travail remarquable sur l’aspect de la double personnalité. On avait déjà retrouvé cet aspect dans Faux semblants avec les jumeaux indissociables, Spider avec le schizophrène qui essaie de reconstruire sa vie ou encore avec La mouche avec la métamorphose du scientifique qui s’en transforme en mouche suite à un incident. Mais cette fois-ci, Cronenberg met en avant, non pas une métamorphose, un double physique, ou un trouble mental, mais une libération de simple vérité : Un bon mari et père de famille, n’est en fait rien d’autre qu’un ancien mafieux. Le scénario est absolument imprévisible, contrairement à l’intrigue Hitchcockienne qui se dévoile lorsque les mafieux débarquent dans le petit restaurant et harcèlent Tom (qui en fait s’appellent Joey). A History of Violence, est de manière allégorique et abstraite le portrait de la société américaine et même du rêve américain. Cronenberg cherche à traiter ses maux, qui se résument à quelques problème qui se comptent sur les doigts d’une main : Les violences familiales, les organisations illégales (mafia) dans ce film, mais également dans d’autres films avec le capitalisme dans Cosmopolis et la pathologie mentale dans Spider. Une représentation brève et synthétisée, de la dégénérescence du corps social.
Surtout que si l’on remarque, les circonstances et les éléments sont précis, très fins et parfaitement choisis : Les 2 agresseurs du café de Tom, ont décidé de commettre le braquage sur un coup de tête, mais ce coup de tête se caractérise notamment par un coup d’énervement, en fait c’est lorsqu’ils s’énervent contre le joueur de baseball et son acolyte qui harcèlent le fils Stall, parce ces deux gens ont tenté de leur couper la route en voiture. Et devinez pourquoi, ils ont vite voulu couper la route ? Pour aller frapper le fils Stall (Jack) qui se trouve dans la rue avec sa petite amie. Donc voilà, ils tournent vite font un doigt d’honneur aux deux agresseurs, mais ceux ci effrayants se font respecter, et passent, les deux jeunes sont calmés et n’iront pas frapper le fils Stall. Et cette scène, se passe une fois de plus dans une voiture. C’est ainsi que les deux agresseurs vont décider de braquer le café, et même de tuer des clients. Bref, l’autre finesse et choix très précis de Cronenberg concerne les médias, car le film montre que la télé et les médias, a plus de connaissances que les gens eux mêmes sur l’identité et sur la vie des gens. Car les mafieux ont découvert ce qu’est devenu Tom à l’aide de la télévision.
Un lien entre soit des personnes qui ne s’en connaissent pas, soit reliés par le sang, soit reliés par des activités illégales. Et entre ces trois modes de liens, la confusion s’installe, celle ci est causée par des émotions vives et incontrôlables.
Un duo d’agresseurs tente de tuer des clients, mais ceux ci se font abattre par le propriétaire du café, les agresseurs ne connaissaient personne, et leur motif d’agression est sadique et pulsionnelle. Ensuite le propriétaire se fait retrouver par ses anciens collègues mafieux qu’il a massacré et trahi, ils vont le menacer lui et sa famille. La violence aura donc un motif d’intérêt, et s’effectuera entre des personnes qui se connaissent (la famille de Tom et les mafieux), mas également entre des personnes qui se connaissent mais distantes entre elles. (Tom et les mafieux).
Sans oublier la bagarre entre Jack Stall et ses harceleurs, le motif relèvera de la réputation, et s’effectuera entre des personnes qui se connaissent mais distantes entre elles.
Et pour finir, on a la fusillade à Philadelphie, lorsque Richie le frère de Tom, tente de le tuer. Tom finira par le tuer, voici une parfaite confusion entre l’intérêt suscité par les activités illégales, soit la mafia, et l’amour entre frères. Richie doit le tuer, quel qu’en soit le prix.
On se rend compte, qu’au plus l’histoire, au moins la confiance et la pitié aura sa place. (Des frères s’entretuent, ce qui est atroce).
Le père ne croit même plus son fils lorsque celui ci est en possession d’un fusil, il pense qu’il va tenter de le tuer. Bref, l’histoire est sublime et abstraite.
Scènes de violence extrême, qui ont valu à l’œuvre une interdiction aux moins de 12 ans, et un « déconseillé aux moins 16 ans » à la télévision. Les meurtres sont bruts, gores et explicitement présentés, d’autant plus que la plupart sont familiaux, tout cela sans oublier les bagarres, les scènes de conflits psychologiques et perturbants. Pour ce qui est de l’aspect technique, le film n’a pas à rougir, et même au contraire, puisque les couleurs sont belles et très bleuées. De même pour les maquillages très bien conçus, à travers les explosions de sang. Sans oublier, les décors, avec des vêtements que je trouve parfaitement adéquates aux situations. Une certaine originalité est retrouvable, puisque c’est le seul film où l’on a réussi à mettre en scène une 69 (entre Mortensen et Bello). L’intrigue de mafieuse sait se démarquer par la distance qui a su être prise entre le monde des mafieux, et l’autre monde dans lequel on se retrouve les 3 quarts du film (Le normal : Un village sans souci), sans oublier le mystère permanent, qui est plutôt réservé aux enquêtes criminelles, et aux thrillers angoissants.
Meilleur film de la selection officielle de Cannes 2005, et selon certaines sources, A History of Violence aurait failli obtenir la palme d’or, mais au grand malheur repartit bredouille.
Je le déconseille aux moins de 16 ans. Un bon 5/5