Plutôt que de s'attarder sur le très ennuyeux Zéro Dark Thirty qui se pavane du côté des oscars en ce moment, pourquoi ne pas se tourner vers des œuvres qui ont forgés à Kathryn Bigelow une réputation sans faille au sein de la série B ? Car maintenant que j'ai vu Blue Steel je ne suis pas près d'oublier ce nom, à ranger aux côtés des artisans les plus talentueux du domaine, tel David Thowy, David Fincher ou même...John Carpenter, n'ayons pas peur de citer un grand maestro. Blue Steel est un sacré bon divertissement, avec bien sûr une histoire simple, peu de protagonistes, une durée convenue, mais qui se distingue du lot par une mise en scène originale voire audacieuse, une photographie magnifique, des effets surprenant et une musique grave et menaçante. En gros tout ce qui construit habituellement les œuvres cultes : une forme, un emballage qui leur est propre et qui entraîne un dégagement de personnalité insaisissable qui nous attache à ces œuvres. Ces ingrédients créent une alchimie unique à des monstres tels que Die Hard, Seven, ou encore Halloween, et ce à divers degré. Certes Blue Steel apparient à un degré inférieur, celui qui regroupe Blade et autres pépites chères à notre cœur, bourrée de qualités et de défauts, pour lesquels on finit même par avoir de l'affection. Il s'agit d'un grand film nocturne, à ambiance urbaine hallucinatoire, où le fantastique semble se manifester malgré son absence sur le plan explicite. Quoique...est-ce le diable qui possède Eugène Hunt ? Peu de choses sont expliquées au final. Comme le disent tout les grands réalisateur, Spielberg et tuti quanti, ce qui compte le plus ce n'est pas l'histoire en elle même mais la manière dont elle est raconté. Bigelow réussit sa première partie du film sans pousser trop ses idées visuelles, ce qui aboutit à un sans faute de rythme et d'efficacité. En revanche c'est toute la deuxième partie qui risque de diviser. D'un côté c'est là où le film est le plus vivant, où il sort les griffes et dévoile son jeu à fond, ce qui déclenche instantanément un tri entre ceux qui aiment instinctivement et ceux qui n'aiment pas. La violence explose, les ralentis abondent, les incohérences brutales perlent trop à jour, bref on navigue entre le très impressionnant et le ridicule. Le duel final se solde par une énorme poursuite qui s'avère être une escalade d'intensité et de gore, qui peu fonctionner ou laisser de marbre. La réalisatrice a trop l'air de marcher sur un fil, cherchant encore à développer et à affirmer son style. Mais bon dieu quand elle l'aura trouvé, cela se pourrait bien qu'elle lâche une bête de férocité et d'agressivité imparable...