Avis sur Soleil d'aout

Sri Lanka, 1996. Une femme recherche son mari, prisonnier des forces rebelles tamoules, et fait appel à un journaliste. De son côté, un soldat de l'armée gouvernementale découvre que sa soeur se prostitue. Au nord du pays, une famille musulmane est quant à elle contrainte à l'exil. Trois destinées affectées par la guerre civile.
Pour évoquer la situation de son pays, Prasanna Vithanage (l'un des meilleurs cinéastes sri lankais, selon les spécialistes) s'est intéressé à des gens ordinaires. Il propose des tranches de vie, sous forme de récits alternés. Point commun de ces personnages : ils sont tous en mouvement, à la recherche de quelqu'un ou prenant la fuite. Voyages en voiture, en bus, en bateau, à bicyclette, à pied... Tous ces mouvements montrent une population déboussolée, un pays en pleine instabilité et une multitude de drames humains. À travers ces trois histoires, on découvre le Sri Lanka du sud au nord, de Colombo (capitale d'un État à majorité cinghalaise et bouddhiste) à la région tamoule et hindouiste, sous contrôle des forces rebelles (notamment le LTTE, les "Tigres"), qui en ont expulsé les musulmans. Par petites touches, le réalisateur évoque ainsi la diversité sociale, culturelle et religieuse de son pays. Mais Soleil d'août a aussi une dimension romanesque, où il est question d'amour, d'incompréhension, d'intolérance, de pardon... On se laisse embarquer par cette oeuvre maîtrisée, sensible et douce (peut-être trop), à laquelle il manque cependant un point de vue tamoul pour être vraiment complète, et aussi une représentation de la violence qui ravage le pays. Mais avec un scénario ainsi étoffé, Vithanage n'aurait jamais eu l'autorisation de tourner son film...