Le Grand rôle : les secrets du tournage

Le Grand rôle est adapté d'un roman homonyme de Daniel Goldenberg. Steve Suissa s'est vu proposer l'idée de ce projet par la productrice Sophie Tepper qui lui a conseillé la lecture de cet ouvrage. Pourtant, après L'Envol, le cinéaste s'était juré de ne plus faire de film sur les acteurs.

Ce dernier confie : "C'est un roman magnifique, qui aborde beaucoup des thèmes qui metouchent le plus. Après tout, il n'y est question que d'amour, d'amitié et d'urgence. Alors je n'ai pas hésité. L'histoire était tellement en phase avec mon univers que beaucoup de mesproches ont d'abord cru que je l'avais écrite."

Steve Suissa considère Le Grand rôle comme le prolongement, dix ans plus tard, de son premier film L'Envol. Celui-ci explique : "L'Envol raconte l'histoire d'un être qui rêve de devenir quelqu'un. Le Grand rôle présente un homme qui se bat pour quelqu'un d'autre. Et dans le film que j'ai tourné depuis, Cavalcade, on découvre quelqu'un de brusquement brisé par le destin - il devient tétraplégique - qui lutte pour exister à nouveau. Ces trois films forment une sorte de triptyque."

Steve Suissa et ses co-scénaristes Sophie Tepper et Daniel Cohen décidèrent de rajeunir les protagonistes du roman, ceux-ci étant âgés de 75 ans, et de délaisser la tonalité judaïque de l'histoire. Sophie Tepper et le réalisateur prirent également la décision d'aller au bout de leur point de vue en produisant eux-même le film. Comme l'explique Steve Suissa, "cela représentait un vrai risque, mais aussi la garantie d'une complète indépendance."

Le Grand rôle marque les retrouvailles de Steve Suissa avec Stéphane Freiss, les deux hommes ayant eu l'occasion de se donner la réplique en 1991 dans le film d'Yves Boisset La Tribu. Le cinéaste explique son choix quant à cet acteur : "Pour le rôle principal, je recherchais un acteur charismatique autour de la quarantaine. À l'époque de notre rencontre, déjà, je m'étais dit qu'il avait de l'allure, une gueule et beaucoup d'humanité. Il a été depuis un peu oublié par le monde du cinéma et j'aimais bien l'idée que, de ce fait, il ait vraiment envie du film."

Dans le film, le personnage de Grichenberg s'inspire de Steven Spielberg. Souhaitant un acteur américain pour ce rôle, Steve Suissa fit parvenirle scénario à Peter Coyote, qui se montra très intéressé.

Le cinéaste se souvient de sa rencontre mémorable avec le comédien : Je lui ai demandé un rendez-vous d'un quart d'heure au Café de Flore parce qu'il adore Saint-Germain-des-Prés ! Sophie Tepper m'a accompagné et – signe formidable – lorsque nous sommes arrivés au Flore, Spielberg lui-même y était attablé et prenait un café ! Il était en promo pour Minority report. Je n'ai pas osé aller le voir. Du coup, j'ai demandé à Peter Coyote de se laisser pousser la barbe pour se faire la tête de Spielberg ! Il a été remarquable. Il a tout fait pour se rendre disponible aux conditions de notre modeste production."