Butch Cassidy & the Sundance Kid est un western rare et novateur. Plus que l'histoire en elle-même, qui est plutôt conventionnelle, c'est la photographie de ce film qui m'a particulièrement plu. L'image est splendide et rend un bel hommage aux grands espaces américains (et boliviens) qui jouent, comme dans beaucoup de westerns (mais ici plus qu'ailleurs) un rôle à part, aux côtés de ces deux grands et beaux acteurs. La bande originale, parfois complètement anachronique (avec les titres interprétés par B.J. Thomas notamment), contribue à créer une ambiance singulière qui nous égare dans le temps et déplace l'univers vers une époque bien plus contemporaine. Alors, on pourrait tout aussi bien être dans le Pierrot le fou de Godard, avec du désert autour et des Stetsons sur la tête! La relation entre les deux héros est plutôt bien pensée, mais toutefois pas suffisamment approfondie à mon sens. Bien sûr, leurs deux personnalités divergent et se complètent plutôt bien. L'écart entre leurs deux caractères est d'ailleurs parfaitement montré dans la scène d'introduction teintée sépia. Cependant, il me semble que leur amitié ne présente pas suffisamment de vrais enjeux tant on nous l'impose d'emblée comme forte et établie. En cela, s'il est incontestable que ce que le film ne montre pas permet aussi de renforcer ce lien historique entre les deux personnages, on se demande quand même si leur amitié pourrait être autrement conflictuelle, car on nous présente très peu d'opposition entre eux deux finalement. Le film ne s'est donc pas attardé à lutter sur tous les fronts, mais ce n'est pas un défaut en soi. Et puis, tout respire une tonalité si légère et réjouissante que ces menus détails ne gâchent en rien notre divertissement. On a droit à des situations extrêmement drôles et des dialogues savoureux, comme
lorsque pour braquer des banques en Bolivie, ils sont obligés d'apprendre les expressions adaptées en espagnol par exemple
,... La scène centrale du film demeurera celle de
la course poursuite qui suit directement la seconde attaque de train, et qui apporte une gravité soudaine au film. En effet, l'irrévérence et l'assurance des deux personnages s'estompent à mesure que leurs poursuivants se rapprochent d'eux et que le sort funeste qui les attend devient peu à peu inexorable. Ils constatent très rapidement qu'ils ne font pas le poids, et alors qu'ils fatiguent, on en apprend un peu plus sur l'identité de leurs nouveaux adversaires, qui reste pourtant supposée jusqu'à ce qu'Etta la leur confirme après qu'ils soient finalement parvenus à s'échapper. Puis, le film se répète après une séquence de photographies sépias (très similaire à la scène d'ouverture) qui retrace leur départ pour la Bolivie. Ils fuient la mort et veulent faire peau neuve ailleurs, mais n'ont toujours pas appris de leurs erreurs et c'est ce qui leur coûtera la vie, évidemment
. Le film brille jusque sa fin tragique et prévisible d'une aura d'inconscience enfantine et de franche polissonnerie, qui se goûte avec un grand sourire et nous accompagne même au delà du générique de fin. C'est réjouissant, même dans les moments les plus difficiles de l'intrigue. Le western des seventies à son meilleur !