Le résumé d’allocine est bien foireux, car Bambola n’est pas tant l’aventure de deux frères que celle de l’héroïne éponyme, Bambola. Bigas Luna livre un film étrange, tour à tour froid et torride qui ne plaira pas à tout le monde, et surtout, n’est pas vraiment destiné aux âmes sensibles.
Bambola est un film avec de vraies qualités. Bande son brillante qui est souvent présente et surligne à merveille chaque scène importante, travail formel soigné avec une ambiance étrange, presque onirique parfois avec cette trattoria à l’écart qui forme le quasi huis-clos de la deuxième partie. Bigas Luna offre un vrai travail de réalisation maitrisée, et Bambola bénéficie de son savoir-faire évident, notamment pour parvenir à offrir des scènes d’une dureté étrangement tendre parfois. Ce n’est pas permis à tous les réalisateurs d’atteindre ce délicat équilibre.
Le casting est bon lui aussi. Si Valeria Marini est d’une beauté époustouflante et joue de belle façon en dépit de quelques petites lacunes (lorsqu’elle doit repousser Perugorria la première fois par exemple), celui qui impressionne c’est justement ce Perugorria. Il joue une brute « amoureux » à sa façon de Bambola, et il impose une présence magnétique, bestiale, rarement égalée au cinéma. Il était l’acteur parfait pour ce rôle, séducteur et sauvage à la fois. Stefano Dionisi et Manuel Bandera complète le casting principal et ils ne manquent pas d’intérêt eux aussi. A noter au début l’apparition d’Anita Ekberg, dans un rôle bien différent que ceux qui ont fait sa gloire.
De bons acteurs au service d’une histoire qui est le point faible de Bambola. Certes, Luna se veut anti-consensuel, et c’est une bonne chose, et certes le film est court, rythmé, et pas dépourvu de bonnes idées. Cette histoire d’amour entre passion et rejet n’est pas sans intérêt, mais Luna finit par tomber dans un de ses travers qui est de toujours vouloir en faire trop. Il se répète beaucoup dans Bambola, et semble recréer des situations déjà vu avant dans le film. Forcément, puisque d’un côté le personnage de Perugorria est monolithique et ne peut donc pas évoluer, et de l’autre Marini n’arrive pas à le rejeter. De fait on se retrouve avec une boucle scénaristique qui évolue peu, et dans la partie centrale il n’y a plus vraiment d’enjeux. Luna vire aussi vers une certaine forme de caricature et de facilité scénaristique parfois qui ne m’ont pas paru être le meilleur angle d’attaque pour une histoire dont la force vient principalement de la subtilité des sentiments et de la complexité des rapports humains.
Cela mis à part, Bambola est un film particulier, avec un style et qui aborde son sujet avec courage car il n’était pas simple. Pas exempt de défauts, Bambola est défendu par des acteurs au top et le beau travail formel du réalisateur. Franchement, ce serait mentir que de dire que ce film à l’érotisme soft mais volontiers malsain n’est pas bon. 3.5