La Famille Duraton est un film très peu connu visiblement, peut-être par l’oubli dans lequel est tombé Noël-Noël aujourd’hui par rapport à d’autres acteurs comiques du temps. Pas une grande comédie, mais un moment léger, et finalement bien sympathique.
Le métrage repose sur une idée qui séduit en fait par sa modernité. En effet, un dirigeant de radio décide d’enregistrer à son insu une famille de paysans au diner, lorsqu’ils se racontent des anecdotes croustillantes, et de diffuser ça en direct. Sorte de téléréalité et de dénonciation des médias intrusifs avant l’heure ! D’autant qu’il y a aussi des gags d’une étrange résonnance, par exemple sur la circulation alternée à Paris ! Court et rythmé, souvent drôle et en tout cas d’un piquant particulier, La Famille Duraton en a sous le pied pour réjouir les amateurs de comédies populaires. C’est parfois un peu redondant, mais c’est vrai que c’est quand même bien efficace dans sa critique des médias, et cela en choisissant le chemin de l’absurde.
Le casting est attrayant. Noël-Noël est solide dans son rôle de chef de famille pris au piège d’un Jules Berry très amusant. Il campe le dirigeant de radio, et sa prestation savoureuse n’est pas pour peu de choses dans l’intérêt du métrage au final. Autour de ce duo de vedettes, des seconds rôles moins connus mais non moins intéressant. La famille Martin est une famille cocasse, amusante, et représentative d’une famille française à cette époque. Elle est populaire, mais traitée avec un regard bien plus sympathique que dans des comédies plus récentes. Même si le corrosif les touchent aussi un peu, vu qu’ils colportent pas mal de rumeurs ou d’histoires plus ou moins avérés via leurs repas de tables !
Sur la forme il n’y a rien de bien spécial, et comme souvent dans les comédies du temps, c’est à ce niveau que c’est le moins marquant. Reste une ambiance de village correcte, mais la mise en scène n’a pas un bien grand relief, et les décors sont eux non plus pas spécialement notables. Disons que ce n’est pas mauvais, et surtout que l’on échappe au danger du théâtral, écueil récurrent des films de cette période.
La Famille Duraton est à mon avis un peu au-dessus de certains concurrents car il traite un sujet avec plus d’ambition et d’intention. Ce n’est pas juste pour faire rire, c’est aussi pour transmettre un message, et elle le fait bien, avec une subtilité louable, et un vrai sens de la loufoquerie dans la dernière partie. 3.5