Bon, alors L’Empire des fourmis géantes laisse supposer un nanar des années 70. C’est vrai que le film est quand même très nanar, mais, ce n’aurait été la fin rocambolesque, j’aurai donné la moyenne, mais là non, la fin c’est la cerise sur le gâteau qui fait basculer mon jugement.
Au casting des acteurs plus ou moins connus, entrainés par Joan Collins dans un rôle qu’elle endosse avec beaucoup d’aisance. Les personnages sont variés, on nous les présente assez longuement (pas forcément pour le meilleur), et ont une certaine consistance qui fait plaisir. Les interprètes collent bien à leurs personnages, et bien que l’ensemble soit un peu cliché, pour ma part j’ai trouvé le casting plutôt concerné, et cela, surtout à la vue de ce qu’on leur fait faire le plus souvent : c’est-à-dire débiter des dialogues convenus au mieux, leur faire combattre des incrustations foireuses de fourmis au pire.
Le scénario est moyen. Dans les bons points il y a la volonté d’offrir des personnages structurés, qui ne soit pas que des pantins, et qu’ils aient un passé, une histoire. C’est un peu cliché, et surtout cela gâche facilement la première demi-heure, lui donnant une allure de film de vacance. Mais enfin, c’est louable au moins dans l’intention. Ensuite, le film dispense une deuxième partie rythmée, qui ne lésine pas sur les fourmis, les combats, bref, c’est un moment sympathique et le meilleur du film. Puis arrive la conclusion, d’une débilité profonde, qui verse dans le n’importe quoi. Alors pas qu’il n’y avait pas forcément de l’idée, mais c’est tellement mal amené, tellement mal conduit, que ça devient totalement risible. Les amateurs de nanar apprécieront, mais alors les moins rompus à ce registre seront assez décontenancés.
Côté réalisation on sent que le metteur en scène est habitué au genre. Il pose bien son affaire, semble à l’aise avec les créatures qu’il n’hésite pas à montrer, et sa mise en scène est agréable, bien qu’un peu fade, et parfois un poil archaïque. On sent quand même que Gordon a bien été nourri aux films de SF des années 50 lors de certaines attaques des créatures. Pareillement, le film n’est pas mauvais sur les décors, la photographie, c’est classique, mais ça tient, malgré un manque de piquant, et un budget qui parait quand même serré à l’écran. Il n’y a pas beaucoup de chichi, c’est le minimum, mais Gordon se débrouille bien avec ce qu’il a. En revanche il est certain que les fx, oulà ! En fait, la technique est excellente, et est bien meilleur que le rendu en numérique pourri que l’on a aujourd’hui (sauf en quelques occasions, notamment avec un bateau, où là la technique est différente et fait pitié). Le souci néanmoins c’est le suivant : l’interaction ! En effet, on voit des fourmis, très bien, se battre avec des acteurs, mais sans jamais se toucher, ni dans un sens ni dans l’autre ! Les fourmis en plus semblent être derrière leur vitre, et du coup elles grouillent tout à coup, parfois elles sont censées être juste à côté des acteurs en nombre, mais rien ne se passe. C’est très dommageable sur les plans larges, et le contraste est d’autant plus terrible que les plans rapprochés, fait avec des costumes, eux montrent une réelle interaction. C’est très très frustrant sur le long terme, et on se prend presque à regretter que Gordon n’est pas été plus dans la suggestion. Sinon aucun effet sanglant. Enfin la bande son est surtout mémorable pour la musique lors de l’approche des créatures, extrêmement proche de celle des Dents de la Mer. Comme quoi, même un nanar de Gordon a pu avoir du retentissement dans un film plus marquant.
Bref, L’Empire des fourmis géantes n’est en soi pas si mauvais, et aurait même pu être un film fantastique kitch dans la moyenne haute des années 70. Finalement, on se retrouve davantage avec une petite série B au scénario maladroit, au rythmé inégal, aux interprètes corrects mais qui n’ont pas grand-chose d’intéressant à faire, et à l’aspect visuel qui a pris un coup dans l’aile, en dépit d’efforts louables. Rien n’est vraiment très mauvais dans ce film, mais rien n’est vraiment bien bon non plus, et l’équilibre me pousse plus vers le 2.