Dénonciation des régimes totalitaires, "L'Aveu" nous fait passer 2 H 20 oppressantes dans les geôles des purges staliniennes en Tchécoslovaquie. Accusé à tort d'appartenir à un réseau d'espionnage pour le compte des services secrets américains, un ex-ministre des Affaires étrangères est arrêté par le Parti. Se met alors en branle une effroyable machine de déshumanisation destinée à lui faire avouer des crimes qu'il n'a pas commis. D'intimidations en menaces, toute la panoplie coercitive y passe. Nulle boucherie barbare cependant, le sadisme de la torture s'exprime ici de façon plus sournoise, par un lent travail d'usure psychologique destiné à détruire la faculté de résistance de l'individu. 6 mois, 8 mois, puis 12, puis 20. Le temps est l'allié des bourreaux. Yves Montand, matricule 3225, magistral de sobriété et de dignité dans le rôle d'un homme victime d'un système qui le dépasse, transcende véritablement le film. Soumis à d'absurdes interrogatoires au cours desquels il est sommé de raconter sa vie, depuis sa naissance, encore et encore ; privé de boire, de manger, de dormir, on le voit incrédule, douter, résister, délirer, céder... jusqu'au procès. "Le Parti a toujours raison". Broyé comme ses co-accusés, il y reconnaît ses crimes en récitant des aveux appris par coeur. Très engagé politiquement, Costa-Gavras signait un an après "Z" une nouvelle oeuvre coup de poing. Relents de bruits de bottes, idéologie et propagande, trahison. Ca a existé, ça existe encore et ça fait froid dans le dos. A l'image des ordres aboyés à Montand par ses Camarades tortionnaires : "Marchez ! Défense de vous asseoir ! Défense de rester immobile ! Marchez !".