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ronny1
37 abonnés
913 critiques
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3,0
Publiée le 16 juin 2022
« Border Incident », malgré un réquisitoire sans concession de la cruauté humaine quant à l’appât du gain, souffre d’un message final qui se veut pour la postérité alors que les cinquante dernières années l’ont complètement démenti. Réalisé pour la MGM qui apporte sa talentueuse équipe à la direction artistique (Cedric Gibbons) et aux décors (Edwin B. Willis), le film bénéficie d’un rythme certain, d’une réalisation sèche et concise dont la violence surprend pour l’époque (1949). Monté au cordeau, bénéficiant de la photographie de John Alton qui annonce les futurs westerns du réalisateur, et d’un trio central remarquable. Il est composé de Ricardo Montalban (un des rares films US où il joue un mexicain), George Murphy et d’un Howard Silva qui livre une interprétation toute en douceur sur la forme et totalement brutale sur le fond. Plus discutable est la stock music choisie par André Previn : essentiellement du Miklós Rózsa qui paraît une peu trop grandiose pour un film qui se passe surtout dans l’ombre. Les 92 minutes sans temps mort permettent de passer un bon moment, même si le côté pub pour la police des frontières et la conclusion qui avec font sourire.
La question de la réception critique du film d’Anthony Mann, Incident de Frontière, s’ouvre à toute œuvre de propagande : quelles qualités cinématographiques peut-on soustraire à un ensemble dont la finalité n’est pas tant l’art que le matraquage idéologique ? Répondre « aucune » serait attester sa mauvaise foi – Mann faisant preuve d’un réel talent de metteur en scène –, en dépit du trop faible intérêt que présente ledit film : personnages peu crédibles, réalisation éléphantesque où chaque plan est surexposé, sur-appuyé par une musique proche de la fanfare militaire. Quelques instants de grâce perlent çà et là mais sont aussitôt rattrapés par le ton balbutiant qui ne tranche jamais entre drame social, polar noir, comédie et relecture horrifique de la réalité ainsi travestie (pensons, en l’occurrence, au tracteur tueur). Là où le cinéma devient un simple moyen, là où périt le cinéma, art irréductible à un discours clos sur lui-même, aussi unificateur puisse-t-il être.
Avant tout, ce chef d’œuvre de Mann est sans doute son plus terrifiant constat de la cruauté et de la dureté humaine. Il est du même niveau de qualité que ses westerns avec un réalisme plus fort, ce qui lui l’empêche de montrer l’étendu de tout son talent. Sa direction des acteurs est parfaite, sa réalisation glaçante et son scénario tiré d’une histoire vraie ne laisse aucun doute sur la véracité des faits. Je pense que ‘’Incident de Frontière’’ est susceptible de plaire à tous et d’enthousiasmer les cinéphiles. Il faut voir comment Mann filme sans aucun effet gore la violence des uns et la souffrance des autres puis, la disparition des victimes. C’est un film qui laisse longtemps aux spectateurs un sentiment d’angoisse doublée de crainte, la femme n'y a aucune place et la seule qui participe au scénario ne rassure pas du tout, elle est glaçante.
Avec" Incident de Frontière" A.Mann acte son passage chez la MGM mais utilise le même procédé documentaire que pour "Brigade du Suicide" avec voix off et flics infiltrés. Même rigueur explicative,même soin apporté à l’étude sociale mais aussi mêmes limites . A trop vouloir être exhaustif sur l'organisation des réseaux de travailleurs clandestins, le film devient par trop démonstratif et ne prends vraiment de la densité que lors de sa dernière demi heure à l’occasion de belles scènes toutes en tension ,à la violence brute et sans concession. qui annonce les chefs d’œuvres à venir.