Malsain, sans pudeur, dérangeant, un égocentrisme poussé à son paroxysme. Voilà ce qu'est Tarnation selon moi. Une accumulation de photos et vidéos personnelles rendues volontairement psychotiques, en kaléidoscope, qui nous dérange au point où tout au long du film, je me suis demandée quand il se terminerait. L'idée de Caouette semblait pourtant intéressante, mais il manque un cruel travail sur la forme, et ce film autobiographique comporte un amas constant de défauts qui font que je ne peux le considérer comme un bon film. Je le juge réellement comme un dégueulis bordélique d'idées, qui auraient pu cependant être bonnes : dénoncer le système américain, tant au point de vue médical (la mère de Jonathan qui voyage d'hôpital psychiatrique en hôpital psychiatrique, le cerveau détruit par les chocs électriques et la drogue) que pour son manque d'ouverture envers les sexualités, ou encore tous ces enfants qui naissent dans ces familles misérables, et qui connaissent exactement la même descente aux enfers qu'eux. Je tire mon chapeau à Caouette pour cela, mais je ne peux m'empêcher de me demander : en quoi le voir se trémousser à poil devant sa caméra apporte quelque chose ? En quoi ce montage style journal intime peu prometteur, à la portée de tout mal-aimé en mal de victimisation, fait de Tarnation un bon film ? Cet égocentrisme accru est tout bonnement insupportable. Le montage instauré à ce documentaire, à la Andy Warhol et Pop Art, aurait pu être intéressant, mais le rythme est lent et répétitif. La seule trame imposée au film, une narration faite à la troisième personne et se voulant neutre, est entrecoupée de scènes particulièrement violentes émotionnellement parlant, de la vie de Jonathan, et surtout, transpirant de pseudo-malaise nombriliste.
Bref, pour moi, il n'en vaut vraiment pas la peine. Autant regarder un documentaire à la TV sur tf1 le dimanche soir sur les expériences des rejetés de la société, on y retrouvera cette même envie de se victimiser à qui veut bien l'entendre.