Il est difficile de mettre une note à ce film, c'est pourquoi j'ai mis cette note en demi-teinte, cette non-note, que je suis obligée de justifier par un commentaire ! La note dépend de l’angle selon lequel on regarde et appréhende ce film (il est des films qu’on a beau appréhender sous tous les angles…). Ici on a la matière pour faire un film, maintenant le réalisateur n’a pas compris lui-même en quoi elle était précieuse ni de quelle façon il pouvait la valoriser.
Il a plutôt une jolie gueule, mais ce n’est pas cela qui fait un film, il est gay, très bien, mais ce n’est pas encore cela qui fait un film. Il a beau se présenter sous son meilleur jour (tentatives de suicide, consommation de substances, maltraitances durant l'enfance, etc.), ce n’est toujours pas cela qui fait un film ! (Ce ne sont certainement pas des clichés qui sont susceptibles de faire un film.)
Pour la bonne raison que l’intérêt de ce film ce n’est pas lui, le réalisateur, mais sa mère. Lui est banal, équilibré, normal, lisse, bien dans sa peau ; inintéressant, quoi. Il a beau s’efforcer de se rendre intéressant, la matière manque dans son cas.
Et l’angle qui importe et fait l’intérêt de ce film est sous-sous-exploité, c’est la dénonciation de la psychiatrie et de ses crimes, car on a simplement là une famille victime de la psychiatrie (qui s'en tire du reste remarquablement bien). Ce que le réalisateur n'a pas clairement saisi. Il n'a pas conscience de ce que sa mère a subi, il n'a pas conscience de ce qu'engendrent les « traitements » désormais communément usités pour « aider » (ils sont présentés comme tels) les gens en souffrance. Peut-être parce que la plupart des gens sont absolument ignorants des effets dévastateurs des « thérapeutiques » employées en psychiatrie, et aujourd'hui complètement banalisées.
On peut voir que la psychiatrie aux États-Unis est moins violente qu’en France, puisque les dégâts sont moins importants. Mais les dégâts sont là, quand même.
À l’origine il y avait une famille normale par excellence, la famille états-unienne moyenne, je suppose, et la psychiatrie et ses traitements de choc sont passés par-là, par hasard. Pas seulement les électrochocs, même si le réalisateurs insiste là-dessus ; pas seulement le lithium, même si le réalisateur insiste là-dessus.
Les dégâts viennent surtout des traitements chimiques que les tremblements (jusqu'à un début de Parkinson), la confusion, les difficultés motrices, le surpoids, etc. révèlent assez : les neuroleptiques (entre autres). Pour quelqu’un de surcroît qui n’a jamais eu le moindre trouble psychique…
Quoi qu'il en soit il vaut bien mieux regarder le film de Sandrine Bonnaire, il est plus explicite et moins racoleur, et montre ce qui se passe en France.