C’est une œuvre expérimentale et très originale, qui nous est proposé par Jonathan Caouette avec son Tarnation (2004). L’histoire vraie d’un homme qui aura passé plus de vingt ans de sa vie à filmer ses moindre faits et gestes. De sa relation avec ses grands-parents, à celle avec sa mère, ou ses différents petits copains. Jonathan C. aura eu une enfance et une vie très difficile. Voir même invivable pour lui et surtout sa mère, qui suite à un accident pendant son adolescence, ses parents pensant bien faire, lui auraient administré pendant des années, des électrochocs. Par la suite, ce sont des dégâts irréversibles qui lui sont apparus, au niveau du cerveau. Elle quitte ses parents, avec son jeune enfant (c’est à ce moment là qu’elle se fera violer sous les yeux de son fils). Plus tard, internée pendant des années, son fils est recueilli chez ses grands-parents. C’est là que sa vie continue de virer au cauchemar ! Entre drogue, luxure et suicide (alors qu’il n’était encore qu’un mineur), il aura enduré toute son enfance les pires atrocités. Personne n’était là pour l’en sortir. Une mère absente, le mauvais exemple de son entourage. On y découvre une œuvre autobiographique, gorgée d’images véridiques, tournée pendant son enfance et à l’age adulte, on y voit sa mère en pleine crise de délire, ainsi que ses amis et sa famille. A l’aide de caméras DV ou de Super 8, il ne cessera jamais de filmer durant toutes ces années de souffrance, de calvaire, de cauchemars et d’abandon ! Rarement il nous aura été permis de nous immiscer autant dans la vie de quelqu’un, surtout au cinéma ! Avec Tarnation, c’est chose faites, et le voyage n’est pas de tout repos. Il nous livre un journal intime, tragique et d’une beauté (grâce aux images d’époques, abîmées, et surtout aux couleurs qui ont pas mal vieillis). Un film tragique, désolant et qui relate la triste existence d’un enfant, passé dans le monde des adultes bien trop tôt. Une œuvre poignante et sincère, qui mérite réflexion !