Cars, un des ces films qui m'ont marqué·e dans mon enfance et me marque doublement aujourd'hui, parce que je le vois avec mes yeux d'avant et avec ceux d'aujourd'hui. Et dans les deux cas, la réussite est quasi-parfaite.
En tant qu'adulte, on pourrait arguer que Cars frôle la Vallée de l'Étrange. Quel est ce monde où « l'espèce » dominante consiste en des êtres mécaniques, dépourvus de membres et autres pouces opposables, et où l'on trouve pourtant tout ce que l'humain fabrique normalement ? Où se place-t-on en matière d'animalisation et/ou d'anthropomorphisme vis-à-vis de ces véhicules dont l'intelligence varie en fonction de leur nature, avec des tracteurs lents et placides comme des vaches, une goudronneuse à moitié sentiente, et le reste qui tient lieu d'hommes et de femmes ? Sur le papier, tout est bizarre et arbitraire, et rien ne devrait marcher.
Cependant, on est chez Pixar. Et Pixar, ils n'ont pas de tabous : les leçons de vie à la Disney, ils les font sans fards, n'ayant pas peur de mettre des sujets durs sous le nez de tous. Et comme leurs choix graphiques, ils assument ça "à fond". Alors ça marche. À douze ans, j'étais transporté·e de bout en bout ; et maintenant que j'en ai le double, je trouve magnifique que "juste" quelques idées bien agencées puissent constituer une histoire si riche. Ce film, en mettant des yeux sur des bagnoles, m'a aidé·e à me construire. Quand on parle du pouvoir du cinéma…
Non mais sérieusement. Un héros qui apprend qu'il est arrogant ainsi qu'à apprécier le moment présent, des personnages hauts en couleurs qui sont nombreux à être mus par moult expériences et évènements qui s'entrecroisent et des enjeux qui évoluent, des références automobiles drôles et astucieuses pour les grands, un spectacle sportif de haut niveau pour la technologie d'animation de l'époque, des dosages parfaits entre l'émotion et l'action… et pour finir un cours discret et touchant sur la Route 66 et le mal qu'ont fait les autoroutes aux coins reculés et pittoresque des États-Unis ; comment pense-t-on à mettre autant de trucs dans un film, et comment est-ce qu'on y parvient ?
Même si mon expérience de Cars 2 aura été médiocre et que Cars 3 me laisse une impression positive mais relativement neutre, pour moi la série est iconique grâce à son seul premier opus.