Pixar nous a habitué à bien meilleur, à plus inventif, et à plus nouveau que Cars. Mais pourtant, ce film d'animation reste une véritable réussite qui serait à mettre plus du coté de Toy Story que Le Monde de Nemo. Une réussite fulgurante notamment de l’antropomorphisme, concept on ne peut plus casse-gueule. Sur ce point essentiel pour que le film touche à son objectif, Cars parvient à capter l'attention. Telles des réminiscences lointaines de toutes ces automobiles parlantes ou “vivantes” de l’histoire du cinéma, de KITT à la cox d’Un Amour de coccinelle, les voitures de Cars prennent littéralement vie devant nos yeux, tout comme leur univers incroyablement détaillé et tellement bien conçu que l’impossible devient possible. La magie Pixar, même si le talent et le génie n’ont finalement rien de magique, opère. Ce qui fait la grande force de Cars, c'est avant tout le fait qu'il peut plaire à tout le monde. Ainsi la dénomination “tout public” prend tous son sens avec des films qui vont aussi bien parler aux enfants qu’aux adultes, quand les autres studios américains ont tendance à privilégier l’un ou l’autre. En effet, John Lasseter ne fait pas que jouer aux petites voitures, il nous livre sa vision d’un temps révolu, celui de la route 66 et des belles autos aux chromes rutilants qui n’est autre qu’un symbole des USA, et un symbole de liberté bien entendu. Cars c’est cette route, la “mother road”, mythique par la littérature, la musique, et le cinéma bien sur. Elle qui fut parcourue par les motards d’Easy Rider, par les Blues Brothers, par Thelma et Louise, Raoul Duke ou The Driver et The Mecanic chez Monte Hellman, autant de points d’ancrage entre automobile et cinéma, auxquels Cars vient rendre un brillant hommage. En plus de faire tout ça, le film d'animation se permet de faire, bien évidemment, des clins d'oeils aux amateurs de voiture, sans aucune distinction. Tous publics, et c’est dans cette optique que vient également s’inscrire la morale, qui est peut-être en trop, qui tient autant de la romance que de l’acceptation de la différence. Sont mis à l’honneur les freaks et les laissés pour compte, les bouseux comme les stars. Alors on pourra toujours trouver ça simpliste, voire bête et niais, c’est vrai. Mais on peut aussi trouver ça tout simplement beau, et réaliste du monde qui nous entoure. C'est avant tout une réalité que Cars montre à travers l'humanité de ses voitures. A travers aussi ses paysages magnifiques, riches, et ses personnes très "humains" et haut en couleurs. Il y a bien sûr rythme qui s'étouffe de temps à autre, un humour pas très cinglant mais l'empathie prend et c'est ce qui nous épate. On ressent l'émotion derrière des moteurs, des voitures, malgré pourtant un design très enfant et ça c'est très fort. Ainsi, Cars est très loin derrière d'autres chef d'oeuvres Pixar, mais reste un pur moment de plaisir.