Le sujet de la violence conjugale est casse-gueule, et on pouvait craindre une succession de portes ouvertes et de clichés. Il n’en est rien. Filmé avec sobriété, dans le calme d’une ville espagnole, Te doy mis ojos évite tous les pièges et s’avère être une œuvre dense et poignante. Pas de méchant ni de gentil. Seulement une femme qui voudrait vivre une vie normale et digne, mais qui subit la jalousie et la violence de son époux. De l’autre côté, un homme qui aime sa femme, qui l’aime mal d’ailleurs, et qui ne peut contrôler ses accès de violence et de jalousie. L’interprétation est brillante. Luis Tosar est à la fois pitoyable, terrifiant, bouleversant. Laia Marull est inoubliable en femme meurtrie. Une interprétation toute en retenue, à l’image d’un film sans fausse note, sans effet de style, auquel on croit profondément, tandis que les protagonistes se déchirent les uns les autres, et que les thérapies mises au point s’avère très faibles et mal pensées. Un film nécessaire, juste, touchant et marquant.