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Moorhuhn
143 abonnés
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4,0
Publiée le 7 juillet 2015
Je suis vraiment fasciné par la guerre du Vietnam et surtout par ses conséquences sociétales. Et ce film a vraiment satisfait ma curiosité pour cette période sombre et pourtant si passionnante de l’histoire américaine. Hearts and Minds se focalise essentiellement sur les expériences humaines liées à la guerre, quelles qu’elles soient, en prenant le soin de recueillir des témoignages aux points de vue très variés. Du soldat meurtri au haut responsable militaire tout en passant par des habitants vietnamiens, on ne peut pas dire que Davis ignore une seule catégorie de personnes ayant pris part à ce conflit d’une manière ou d’une autre.
On sent quand même une orientation claire du cinéaste vers un propos antimilitariste mais il laisse librement la parole à chacun et juxtapose ces témoignages avec des images d'archive, le tout avec une intelligence remarquable. Responsables, exécutants, victimes… Tout passe à la moulinette et les images comme les paroles peuvent choquer et remuer de façons très différentes. Le procédé est néanmoins plutôt pudique et le film recueille les témoignages les plus intimes, ce qui renforce leur sincérité et leur impact émotionnel. Et quand tu n’es pas sidéré ou révolté, tu es juste ému car tu sens l’authenticité de ce qui est dit. Difficile pour moi de ne pas être attristé par cet ancien soldat qui détaille presque scientifiquement les actions qu’il a dû effectuer avant de fondre totalement en larmes, pris par l’émotion et les regrets. Et jamais on ne viendra appuyer ça par une musique lourdingue ou quelconque procédé artificiel, ce film ne nous transpose que du vrai ce qui est une véritable force.
Hearts and Minds mêle donc ces témoignages puissants aux images d’archives qui le sont tout autant. On voit notamment en vidéo ces instants immortalisés par ces photographes de guerre qui ont traversé le monde comme la fille au napalm et l’homme exécuté en pleine rue. Comme un regard impuissant face à la folie humaine. Rarement le conflit ne nous est apparu aussi absurde et surtout aussi brutal dans son absurdité. Et cette proximité temporelle due au fait que le film soit sorti avant même la fin du conflit renforce aussi la puissance des images et des mots, tel un véritable témoignage à chaud. L’impérialisme américain est ici décortiqué, interrogé et mis à mal. Un documentaire essentiel, ni plus, ni moins.