Après avoir fait la critique de trois chefs d’œuvre, j’avais envie de m’attaquer à l’un des films les plus mauvais qui m’ait été donné de voir. Doté d’un budget assez impressionnant pour une production française, voilà un très mauvais métrage que cet Empire des loups, à oublier très vite pour ceux qui ont eu le malheur de sombrer avec le navire. D’abord, une fois n’est pas coutume je commence par le scénario. Outrageusement compliqué et ambitieux, il se prend plus d’une fois les pieds dans le tapis, ne sachant pas trop vers quoi nous mener. Ne se voulant pas un thriller politique à la Pakula, ne se voulant pas un film policier, se refusant à être un film fantastique, L’empire des loups est une sorte de pot-pourri informe qui laisse un très désagréable goût dans la bouche. On peut vouloir mêler les genres, mais pour cela il faut piocher des éléments, et non s’amuser à vouloir tous les rejeter pour se créer une pseudo-identité unique (dans sa médiocrité en tout cas elle l’est). Les dialogues au passage sont pour certains risibles, et desservent totalement l’aspect cru et poisseux du métrage. Les personnages, assez mal écrits en fait, sont interprétés par un casting de choix (Jean Reno et le regretté Jocelyn Quivrin, en tête). Pourtant le résultat est affligeant. Reno est semi-parodique dans son rôle de dur qui n’a peur de rien, Quivrin s’en tire un peu mieux mais malheureusement il faudrait une interprétation exceptionnelle pour sauver le désastre. Arly Jover confirme qu’elle n’a pas un grand talent d’actrice. Malgré tout c’est peut-être dans ses acteurs que le film arrive à s’en sortir un peu. Ce n’est pas en tout cas dans les images. La photographie se veut esthétique, et veut surfer visiblement sur le style des Rivières pourpres. Malheureusement elle est désespérément grise (ou alors ultra saturée, en particulier pour les scènes de la fin) et manque de contraste. Le montage est haché, sans doute là encore un effet voulu mais qui gâche plus d’une scène, les plans manquent de soins, et les décors sont très moyens. De ce point de vue un film qui a d’ailleurs très vite vieilli et qui aujourd’hui est totalement dépassé. On regrettera aussi que le film qui se veut justement glauque et poisseux n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Tandis que les Rivières pourpres nous proposez quelques séquences horrifiques ou sanglantes de bon alois, là le film se contente de jouer la carte du suggestif (les trois quart du temps). Les séquences d’actions sans être mauvaises sont bourrés d’effets tape à l’œil, de grandiloquence, vraiment un résultat pas terrible, surtout venant d’un Chris Nahon qui avait réalisé le musclé Baiser mortel du dragon.
Bref, passant complètement à coté de son scénario, ratant totalement son esthétique visuelle, il y a de ci de là quelques bribes à sauver mais c’est trop peu. Le rythme n’est pas mauvais, mais lorsque l’on a une histoire vaine, des acteurs moyens ou mauvais, des images pas terribles, une mise en scène clinquante, des scènes d’actions fouillis et j’en passe et des meilleurs, le rythme devient presque le cadet de nos soucis.