Parce que le thème de la religion est délicat dans le monde du cinéma, on ne peut que saluer ce petit chef-d'oeuvre contemporain réalisé par le trop discret Taylor Hackford. Basé sur le roman éponyme d'Andrew Neiderman, L'associé du diable est peut-être le meilleur film sur Satan, le plus réaliste, le plus recherché voire même le mieux réalisé. Malgré une longueur évidente, le long-métrage s'en tire avec les honneurs tant pas un seul passage n'est ennuyeux, Hackford arrivant à pleinement divertir avec des dialogues tout simplement truculents, pleins d'humour noir et de références. Car si la trame est prévisible dès le début voire même directement depuis le titre, on se prête volontiers au jeu, le metteur en scène plaçant judicieusement des retournements de situations assez inattendus. Noir, sombre, nihiliste, L'associé du diable explore son thème jusqu'au bout avec logique et brio, nous reflétant une réalité aussi palpable que concrète, s'appuyant avec originalité sur le droit, symbole-même de la justice ici remplacée par le luxe et la vanité. Un contexte d'autant plus réaliste que l'histoire (sans le côté fantastique) pourrait se résumer à l'auto-destruction d'un avocat aussi brillant que vaniteux. La musique inégalée ajoute un côté divin au film, quant à lui interprété par la crème de la crème. Jeffrey Jones est comme d'habitude parfait, Charlize Theron encore méconnue arrive à pleinement convaincre, pareillement pour Keanu Reeves, toujours aussi sympathique à l'écran. Al Pacino, lui, EST le Diable : farceur, malin, rusé, puissant, invincible. Pacino incarne l'excellence-même du personnage sans se prêter au jeu du cabotinage navrant. D'autres qualités indéniables viennent se morfondre à une réalisation sobre mais magnifique, d'effets visuels discrets mais réussis en suspense insoutenable et scènes-choc effrayantes, L'associé du diable reste un must du genre et une très bonne réflexion sur le thème sélectionné.