Après en avoir entendu parler à de nombreuses reprises, peut-on le dire, car ce film a été énormément médiatisé de part et d'autre, je me décide enfin à le voir, quoiqu'ayant toujours une once de réticence envers les productions à gros budget. Début du film, on observe une marchande qui accouche d'un enfant semblant inanimé dans une rue insalubre de Paris au cœur du XVIIIe siècle. Croyant qu'il est mort, elle se relève, et reprend derechef son activité. Sauf que le bébé se met à pleurer quelques secondes plus tard, et les passants accusant la jeune femme d'avoir voulu tuer sa progéniture, elle sera arrêtée, puis exécutée. Les premières minutes du film ne sont pas inintéressantes car l'on plonge dans une atmosphère singulière, le portrait d'un garçon possédant un don spécifique est brossé, non sans une pointe de poésie et de lyrisme. Une fois qu'il devient adolescent et qu'il est confié à un tanneur rustre et sans la moindre éducation, le jeune homme apprend à s'endurcir. Auparavant, il semblait vivre dans une sorte de bulle apaisante bien qu'il fut raillé par ses camarades du même âge. Sachant reconnaître toutes les odeurs qu'il peut humer dans les divers lieux qu'il fréquente, il finit par rencontrer une fraîche demoiselle dans la rue, qu'il finit par suivre. Il l'assassine lorsque celle-ci tente de lui échapper, puis il fait une chose toute particulière: il essaye de conserver son odeur, en frottant ses mains sur son corps nu. À partir de ce moment, une idée obsessionnelle va lui trotter dans la tête, et ce, jusqu'au bout; il souhaite trouver le moyen de "capturer" les odeurs tel qu'il le dira naïvement au parfumeur Baldini. C'est sa rencontre avec ce vieux chimiste un peu bougon mais gentil dans le fond qui va changer toute son existence. Le fantasque maître parfumeur va se reconvertir en professeur, en inculquant à Grenouille les méthodes de distillation. Jusque là, la trame narrative est plutôt intriguante. On a envie de savoir la suite. Seul bémol: les effets spéciaux que je trouve un peu artificiels. On ne rentre pas vraiment dans l'univers visuel de cette ville de Paris version siècle des lumières car l'on entrevoit assez rapidement l'effet carton-pâte.
Deuxième partie: l'arrivée à Grasse. J'omets volontairement le passage à la grotte retraçant son expérience d'odeur (il réalise qu'il n'en a pas), car je la trouve sans grand intérêt.
Voici un champ de lavandes, des lumières et des couleurs magnifiques, ça change des montages un peu mal fait du paysage urbain parisien. Dés les premiers instants, il aperçoit une ravissante frêle et douce jeune fille aux cheveux plus incandescents que le feu prénommée Laure, et au parfum indicible.
À partir de ce moment, on prend conscience qu'il va vouloir se procurer son odeur.
Embauché chez une femme qui ne tarit pas d'éloges le concernant, c'est dans cette ville à l'irrésistible charme provençal qu'il va se mettre dans la peau du tueur en série. Dés lors, je commence vraiment à m'ennuyer. On voit toute une déclinaison de jeunes filles qui se font attraper, puis tuées.
Je ressens un profond malaise quand je vois ces corps nus et ces têtes rasées, le côté macabre étant accentué au moment où il extrait les cheveux de ces innocentes.
On a du mal à comprendre les réelles motivations de ce personnage qui ne se borne qu'à conserver des odeurs mais qui est dépourvu du moindre sentiment. Il n'y a ni amour ni haine chez cet antagoniste résolument apathique. En général, j'ai une préférence pour les personnages qui éprouvent de violentes émotions (qu'elles soient positives ou négatives) et qui suscitent également des émotions chez le spectateur. Les scènes que j'ai préféré sont celles où le père de Laure se bat et lutte pour sauver sa fille, malgré le triste dénouement, car à l'instar des autres, elle n'échappera pas à son destin. Sa beauté aveuglante, croit-on, est la raison pour laquelle JB la convoite. Malheureusement le triste Sire n'a pas même l'air ému par le charme féminin, seule son odeur compte.
D'ailleurs, et c'est un peu la philosophie de l'histoire: l'odeur d'une personne est le reflet de son âme.
Cette théorie est belle, mais je la considère un peu superficielle par rapport à la gravité du sujet.
Ne parlons surtout pas de la fin qui est sans nul doute l'une des plus grotesques fins que je n'ai jamais vu, tant le ridicule de la situation est semblable à un gag raté. C'est l'heure de l'exécution de Grenouille. Une foule attend, grondante et rugissante, y compris l'évêque du village. Et grâce à la magie de ces parfums qu'il évapore à travers cette masse de monde, les gens se laissent complètement embobiner. Enfin, l'orgie.
Et donc, que cela signifie t'il? Quelle est la morale de cette délectable supercherie? Cet épilogue totalement raté à mon goût détruit tout le semblant de crédibilité que cet anti-héros était présumé avoir. On en ressort déçu, avec la désagréable impression d'avoir assisté à un film décousu à souhait. Quand on veut mélanger le fantastique avec le réel, le résultat n'est guère convaincant. Il faut choisir son camp.