L'adaptation cinématographique de la transposition en comédie musicale du film original. Un cheminement tortueux qui en dit long sur l'utilité d'un tel projet
Pendant un bon bout de temps, le film est tout bonnement insupportable, la faute à une interprétation orientée comédie de boulevard (en encore plus outré, car oui, c'est possible) où les comédiens surjouent à s'en faire péter les veines du cul. Il faut dire que les rôles sont bien gratinés, rien ne nous est épargné : le truculent, le benêt, les follasses, les vieilles nymphos, les étrangers à l'accent crétin (reportés jusque dans les sous-titres : kolozâl finesseu !), tout ce beau monde étant bien évidemment totalement hystérique. L'humour pachydermique déployé tout au long du film, à défaut de faire rire, a au moins le mérite de maintenir l'attention : ça fait bien longtemps qu'on n'a pas assisté à une telle accumulation de gags ayant largement dépassé la date de péremption (c'est tellement énorme que le côté politiquement incorrect est tué dans l'oeuf). Les numéros musicaux, quant à eux, ne sont guère réussis (quelques idées comme la chorégraphie des comptables ou celle des déambulateurs ne rendent finalement pas grand chose à l'écran), et, à vrai dire, seul le début du spectacle Springtime for Hitler, où le public est médusé par l'irresponsabilité du show, se montre vraiment drôle, l'effet comique stoppant net dès que l'audience prend le parti d'en rire à l'apparition du Furher efféminé. Cinq minutes marrantes sur pratiquement deux heures et quart, il est clair que ça ne pèse pas lourd, mais reconnaissons au moins à ces Producteurs le mérite d'être allé à fond dans leur délire. Qu'on le partage (dans la salle, certains explosaient de rire à la moindre grimace, il y a donc encore un public pour ce style de comédie) ou pas, c'est une autre affaire...