Sorte de (très) lointain ancêtre de « 24 heures chrono », « Je reviendrai » fait preuve d'une démarche fort originale pour l'époque : filmer en temps réel à la fin de la Première Guerre mondiale un soldat désertant à peine une heure pour aller voir sa fiancée et ses parents alors que son train (coincé) s'arrête juste à côté de son village. Tout ne m'a pas plu : je trouve le traitement un peu daté, certaines répliques le sont encore plus, et le jeu parfois très emphatique de Jean-Pierre Aumont ne m'a pas séduit, d'autant que j'avais par moments du mal à saisir toutes les répliques. C'est mieux pour Corinne Luchaire, touchante, extrêmement séduisante (et faisant bien plus que ses 18 ans!!), rendant vraiment crédible cette profonde affection du héros pour elle. L'horreur de la guerre n'est jamais au premier plan, toujours suggéré mais omniprésente, la situation périlleuse dans laquelle se retrouve le héros simplement pour un léger écart étant bien décrite également. Il y a de belles idées de scénario, que ce soit dans l'affrontement entre
ses parents (surtout sa mère) et sa compagne, faire croire à la mort de l'odieux patron du bar pour finalement le faire « vraiment » mourir quelques minutes plus tard
, une certaine hypocrisie généralisée, et si certains revirements ne sont pas très crédibles, ils peuvent être justifiés par le temps qui est compté. Le rendu sonore est également très réussi, la restauration dont a bénéficié le film étant de grande qualité. Quentin Tarantino adore Léonide Moguy : je ne partage pas forcément son enthousiasme, mais pour une œuvre de l'époque (nous sommes en 1939), il faut lui reconnaître une certaine audace et une vraie modernité, à l'image de ce final techniquement assez bluffant et non sans une certaine émotion. Ce n'est pas le cinéma que je préfère, certains aspects ayant mal vieilli, mais aussi avec de vraies qualités dans la mise en scène et la narration : une œuvre à découvrir, donc.