Trois adolescents, amis par ailleurs, sont amoureux de la même jeune fille, Georgia. Ils ont foi en leur avenir, en ce que la vie et leur pays leur promettent. Puis leur histoire avance, et l'Histoire les rattrape. Georgia est un film fort, émouvant, subtil, sur le conflit ou le compromis entre fantasme et réalité. A. Penn a sans aucun doute également créé là l'un des meilleurs films jamais réalisés sur le rêve américain tel qu'il pouvait être vécu dans les années 50/60.
Ce film de 1981 retrace les années soixante américaines d'immigrants yougoslaves (à travers la biographie du scénariste Steve Tesich, montée de manière excellentissime par Arthur Penn). En arrière-plan, l'assassinat de JF Kennedy, la guerre du Viet-Nam, la reconnaissance du peuple noir, les premiers pas sur la Lune, la vague hippie...).L'occasion pour le spectateur de tanguer sur la chanson "Georgia" de Ray Charles sur fond d'idéalisme juvénile,quelques scènes musicales renversantes, bien des valses-hésitations autour et dans l'évitement de la jeune fille fascinante et éprouvante, et UNE scène ahurissante au moment où on croit tout plié... A voir dans sa version originale dès que vous en avez l'occasion !
Nul doute qu'Arthur Penn a mis beaucoup de lui-même dans ce film et c'est en partie ce qui nous touche. Son regard sur ses personnages est sans cesse celui d'un cinéaste sensible, qui arrive à faire passer chez le spectateur une émotion réelle, juste, sans céder à la facilité. Mais c'est également une vision sociale qui nous offerte ici, que ce soit dans la représentation des personnages ou des ouvriers que montre l'oeuvre. De plus, quel plaisir de réentendre les chansons qui ont marqué toute une génération, bercant alors le film dans une nostalgie presque rêveuse. Combre de bonheur, les acteurs sont infiniment justes, et l'on regrette sensiblement de ne pas les avoir revus plus souvent après. Bref, du beau cinéma, sincère et chaleureux : merci Mr Penn.
Une oeuvre majeure de Penn, qui, curieusement, situe son histoire dans les années 60, âge d'or de sa carrière. Enchaînant les séquences d'anthologie, le cinéaste livre une peinture à la fois nostalgique et remplie de sagesse d'une Amérique fragile qui semble s'empirer au fil des années. Un bijou dramatique, puissant et inspiré.