Cinq années après Missouri Breaks, Arthur Penn revient derrière la caméra avec Four Friends, où il dresse la chronique de quatre amis de l'adolescence jusqu'à l'âge adulte.
C'est au bout de ma dixième expérience avec le cinéma d'Arthur Penn que je me retrouve pour la première fois déçu, toute proportion gardée bien évidemment, mais Four Friends promettait bien plus que le résultat obtenu. Une promesse sur le papier déjà, avec l'immense Arthur Penn qui peignait une chronique débutant à l'aube des années 1960 où immigration, simple moment de vie, bonheur, malheur, amitié ou encore amour étaient mêlés, avec un portrait des États-Unis sur cette période en arrière-plan.
Une promesse qui se concrétise plutôt bien dans la première partie d'ailleurs, où Arthur Penn nous immerge de suite dans cette époque pour y suivre les péripéties de ce groupe d'amis. Pourtant, une fois les mariages arrivés, c'est là que ça se gâte un peu et Penn se montre assez excessif, que ce soit dans le sort des personnages ou les sentiments, étirant par la même occasion un peu trop son récit. Alors qu'il donne une part importante de dramaturgie à son oeuvre, elle manque finalement d'émotion, notamment lorsque le destin des personnages se scellera. Et c'est lorsque ça ne marche pas qu'on se rend aussi compte de quelques problèmes, à l'image des nombreuses situations caricaturales qu'il met en scène, que ce soit le final ou dans l'évolution des personnages.
Pourtant, c'est loin d'être totalement préjudiciable, notamment grâce à une ambiance mélancolique qui tient tout le long du récit, ainsi qu'à des personnages intéressants, voire même attachants pour certains. Le fond de l'oeuvre est aussi décevant, d'abord intéressant mais un peu trop survolé et parfois pas loin de la caricature là aussi, où Penn brasse rêve américain, immigration ou encore contestation avec plus ou moins de subtilité (souvent moins d'ailleurs), ne sachant pas toujours trouver le ton juste. Il reste quand même ce sentiment de vie qui passe, de rechercher le bonheur toujours ailleurs, cette sensation que la moindre erreur, et même le moindre geste ou mot peut être fatal et occasionner de nombreux regrets.
C'est à l'aube des années 1980 qu'Arthur Penn propose Four Friends, ma première déception dans son cinéma où le metteur en scène ne trouve jamais vraiment le bon équilibre entre portrait d'un pays, dramaturgie, romance et amitié. Dommage.