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tomPSGcinema
758 abonnés
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4,0
Publiée le 22 juillet 2018
"Mother India" est clairement une oeuvre que les fans du cinéma Bollywood se doivent de découvrir. L'histoire est profondémemt touchante, les séquences de chants sont très réussi et Nargis qui interprète le rôle principal est franchement bluffante. Un must du cinéma indien et qui me donne envie de découvrir d'autres oeuvres de Mehboob Khan.
Splendide fresque indienne sur le destin d'une femme au fil de sa vie. Les traditions, la misère, le malheur. C'est vraiment très beau avec les chansons qui ne sont pas toutes là pour faire danser mais davantage pour exprimer les sentiments contrastés de l'héroïne. On est ici dans les années 60 et le style Bollywood est encore traditionnel. Certes parfois le trait est un peu marqué mais l'émotion est là. Une femme forte et seule contre le destin qui s'acharne et qui devient symbole de l'espoir. Superbe.
Le film démarre : c'est un Bollywood de 1957. Question : que sont les revendications d'un pays où le cinéma est né comme un champignon tchernobylien sur un terreau si peu comparable à celui des autres pays producteurs de cinéma, indépendant depuis dix ans et constitutionnalisé depuis sept ? La réponse avec la première image : c'est un engin agricole, et le propos est avoué d'office : comment concilier cette modernisation – objectivement bienvenue – avec le respect pour la douleur de ses ancêtres qui ont donné tant de sueur à leur terre ? Ce propos-là, Mother India lui voue toute son histoire, et son interprétation au travers d'une Nargis magnifiquement vieillie à coups de maquillage – même si ça se voit tout de suite – est juste énorme. Quant aux Anglais, on n'y fera qu'une seule et unique mention.
Au début, le film peine à trouver sa voie ; on ne comprend pas encore le modèle de la chose, on doit se confronter à un montage qui est horrible de tous points de vues (même si rempli de bonne volonté), et notre admiration de voir de la couleur dans un film indien si vieux ne va pas sans son corollaire : les décors sont risibles ! Ce n'est pas faute d'avoir fait bosser les décorateurs à plein régime, mais on croirait vraiment que l'utilisation de la couleur était prématurée et que Bollywood n'était pas prêt à en faire un rendu propre.
Mother India a de la peine à se défaire des faiblesses techniques allant de paire avec son époque, car sa motivation dépasse de loin toute considération temporelle. Néanmoins le budget était surprenamment énorme, la caméra est partout (d'où le montage atmosphérique), elle bouge, et même si les procédés théâtraux nous sortent parfois un peu de l'ambiance – je pense à la pluie qui vient de la droite de l'écran plutôt que d'en haut –, on ne peut s'empêcher d'admirer les moyens et l'audace du tournage. C'est une histoire un peu trop revendicative de la culture indienne pour un spectateur occidental – mais on sera agréablement choqué de voir un enfant fumer... pour de vrai ; c'est tellement tabou chez nous ! –, mais dont la beauté s'adresse à tout le monde.
Bon alors pour faire un film bollywoodien, il faut que ce soit en couleurs, OK, il faut que ça chante, OK, il faut que ça dure trois heures, il dure seulement deux heures et cinquante-deux minutes (ah! c'est dommage à huit minutes près...!!!) et il faut qu'il y ait Aishwarya Rai (ah, elle est pas là et pourquoi elle est pas là ??? Pas encore née!!! Quelle excuse bidon, juste pour ne pas aller bosser, feignasse!!!)... Me rendant parfaitement compte que cette introduction est complétement conne, je vais être plus sérieux... Je vais me taper la honte mais c'est le premier film bollywoodien (donc si je dis des choses qui se font dresser les cheveux aux spécialistes du genre, je leur demande pardon ce serait totalement involontaire!!!) que je regarde donc autant se taper le plus gros succès du genre, le film qui est resté le plus longtemps à l'affiche dans le monde et qui y est resté tellement longtemps qu'il y est encore qu'on n'hésite pas à le qualifier de "Autant en emporte le vent du cinéma indien". Bon alors la première partie ne fait pas dans la finesse. L'accumulation incroyable de malheurs qui s'abat sur la pauvre famille est tellement grosse que ça vire très vite (involontairement je pense!!!) à la tragi-comédie (à côté "Le Secret magnifique" de Douglas Sirk c'est du Ozu!!!) et le personnage de l'usurier est tellement ignoble qu'on le croirait sorti tout droit d'un film de Von Stroheim. Mais quelle puissance franchement, les scènes en extérieur sont d'une très grande beauté, qui est parfois digne justement d'"Autant en emporte le vent", et d'un beau lyrisme avec parfois un montage audacieux et percutant à la Eisenstein. En outre, les chansons sont très entraînantes. Mais la seconde partie est loin d'être à la hauteur. Le réalisateur abuse du studio, l'intrigue se montre répétitive (-je vais le tuer -non, ne le tue pas - si, je vais le tuer -non, non -si, si... (bon, ça va cinq minutes mais au bout d'une heure...!!!) et vas-y que je te jette des cailloux sur les pots d'eau juste pour faire ch... les filles des dizaines et des dizaines de fois!!!), seul quand on retrouve les extérieurs un peu de la puissance de la première partie revient, notamment avec la scène de l'incendie volontaire des meules de foin. Bon un poil déçu pour mon premier contact avec le cinéma bollywoodien, d'autant plus que c'est son plus célèbre représentant, mais cela m'empêchera pas de perséverer car les quelques qualités de cette oeuvre donnent envie de se plonger dans cette voie.
En découvrant ce film, j’ai rapidement compris son impact immense dans l’histoire du cinéma indien. Je reconnais pleinement la richesse thématique de Mother India et l’héritage qu’il a laissé derrière lui. Toutefois, j’ai eu du mal à m’immerger pleinement dans le film. Bien que les performances soient inégalables et que les thèmes abordés soient puissants, l’esthétique et le rythme ont un peu vieilli à mes yeux, ce qui a rendu mon expérience de visionnage moins engageante. Malgré mon respect pour ce classique, je n’ai pas réussi à m’accrocher jusqu’à la fin. En raison de cette distance ressentie, je ne me permets pas d’en faire une critique approfondie. Mon ressenti reste partagé entre la reconnaissance de son statut légendaire et une difficulté personnelle à en apprécier toutes les facettes.
Malgré quelques maladresses de tournage, on a avec ce film un instantané d'une Inde peut-être révolue. Le cinéaste abuse des métaphores mais au plus grand délice du spectateur. Un bascule souvent du comique au tragique (voir au tragi-comique non voulu), mais il est ressort une grande fraîcheur visuelle. A voir pour commmencer par un gran Bollywood.
Entre "autant en emporte le vent" (Fleming),"la ligne générale" (Eisenstein) et "les raisins de la colère" (Ford), Mother India est un film epoustouflant, à la dramaturgie excessive mais crédible. Mise en scène grandiose d'un classique.