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il_Ricordo
106 abonnés
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4,0
Publiée le 29 février 2012
Récit laconique et lancinant, Printemps dans une petite ville est à lui seul le Cinéma chinois des années 40 : se plaçant dans un contexte d'immédiate après-guerre et peu avant la révolution communiste, il décrit les ravages du conflit qui a eu lieu dans toutes les classes sociales chinoises. Un couple, marié depuis huit ans, s'est complètement défait par le temps qui passe et le mari, hypocondriaque, ne parle plus à sa femme depuis longtemps déjà. Quand son ami d'enfance vient le visiter après dix ans de silence, on comprend rapidement que cet ami représente pour la femme le grand amour de sa vie. Désormais, on sent que l'on va revisiter une histoire d'amants diaboliques, mais c'est sans compter la subtilité de Fei Mu : bientôt pris de scrupules, le couple adultère, qui avait été si opiniâtre après une soirée éméchée, ne tarde pas à regretter les vilains desseins. Fei Mu distille avec justesse les sentiments de chacun des personnages : la femme dans le rôle principal, tiraillé entre honneur et fuite devant l'ennui et la vie morne, le mari qui se sent inutile sur Terre, l'ami qui pense perturber la vie tranquille de province, la jeune fille qui s'éprend du bel ami de son grand frère, et enfin le domestique dévoué depuis toujours. Fei Mu est toujours près de ses personnages, et communique les tumultes lents de son récit avec une incroyable intensité.
Les amateurs de cinéma très minimaliste seront gâtés : décors réduits à une maison en partie en ruines et à ses alentours directs, nombre de personnages se limitant à cinq et a-priori très peu d'événements sur plus de 90 minutes. Cette oeuvre est considérée comme un des plus grands films chinois de tous les temps. Ne croulant pas sous une énorme quantité de films chinois visionnés, je ne peux ni confirmé, ni contredire cela. En tous les cas excepté la voix-off de l'épouse, c'est plus un film visuel dans le sens où le plus petit geste peut avoir son importance pour réussir à comprendre l'état d'esprit d'un personnage. Reste qu'il manque un peu de l'état de grâce d'un Ozu pour rendre ce film vraiment transcendant et captivant. Mais c'est sans conteste une oeuvre de grande qualité qui mérite un petit détour par le cinéma de l'Empire du Milieu.