The Grudge est le remake américain de Ju-on, film d'horreur japonais sorti en 2002. Suite au succès surprise de ce dernier, nos amis les yankees ont été intéressés par une adaptation en anglais. Le réalisateur, Takashi Shimizu, n'a pas souhaité qu'on fasse n'importe quoi avec son oeuvre et a décidé de retourner derrière la caméra tout en ayant les moyens d'Hollywood à disposition. Et c'est là le point fort et le point faible de ce film : c'est un produit américain. Il y a un réel effort d'adaptation au niveau du scénario. La plupart des scénaristes n'en n'auraient rien à faire de la légende originale et se seraient contentés de transposer le principe aux États-Unis. Au lieu de cela, l'histoire se déroule bien au Japon mais avec des étrangers américains, ce qui donne un sentiment d'isolement assez palpable. La construction du récit reste globalement la même mais ils ont corrigé les flashbacks et les flashforward boiteux de l'original pour donner une construction compréhensible. De la même manière, certains personnages changent de destin et d'autres apparaissent pour apporter des scènes inédites. Enfin, les quelques scarejumps qui ponctuaient l'original restent présents, mais ne sont plus soulignés par la musique et sont remplacés par de nouveaux. Le budget n'est plus le même, cela se sent dès les premières secondes avec ces plans de Tokyo à la grue et toutes les petites scènes de la vie quotidienne de l'héroïne (faire les courses, prendre le bus...) qui étaient tout simplement absentes de l'original. Les effets spéciaux, bien qu'ayant pris un coup de vieux aujourd'hui, sont quand même plus réussis et ont plus de style.
On peut citer par exemple la première apparition du fantôme qui descend du plafond sous forme de cheveux avant de se matérialiser, ou bien encore la scène de fin où Kayako descend les escaliers avec des mouvements saccadés et non-naturels à la manière du stop-motion.
S'il n'y avait eu que cela dans le film, on aurait eu le droit à un remake meilleur que l'original, mais il y a des moments dans l'écriture qui font bien artificiel et américain. Par exemple lorsque l'héroïne sonne à une porte et qu'elle n'obtient pas de réponse immédiate, elle resonne directement (j'ai vérifié, elle attend 5 secondes). Cela coûtait quoi de la faire patienter 30 seconde le temps d'installer une ambiance (et du réalisme) ?
Exemple opposé : un homme voit une amie marcher bizarrement couverte de sang, il se contente de l'appeler jusqu'à ce qu'elle se retourne, mais on sait que c'est un fantôme, pas la peine d'insister là dessus.
Dans l'ensemble j'ai l'impression que les moments de montée en tension sont plus courts, mais cela est peut être du au fait que globalement je savais comment tout allait se dérouler (j'ai vu l'original il y a quelques jours seulement). Par contre les scarejumps sont un peu plus nombreux, c'est dommage. Le remake corrige tous les défauts de l'original mais il est un peu plombé par la "manière directe américaine". Du coup on a un remake au niveau de l'original alors qu'il avait toutes les cartes en main pour le dépasser, c'est bête.