Et bien, pour mon premier Jodorowsky on peut dire que j'ai été servi ! On part déjà sans indication de temps ni de lieu dans un univers visuellement complétement dingue avec pour seule explication eh bien rien ! C'est donc du "démerde toi mon grand avec ça" et sincèrement, au vu du début, je m'imaginais déjà ma critique incendiaire sur ce ramassis de bêtises sans aucun sens, mais pour cela il fallait bien aller au bout ... 2 heures de ça ... Et puis à force de persuasion et surtout d'attention, croyez le ou non mais j'ai commencé à apprécier et même à aimer ce foutoir quasi incompréhensible. J'insiste sur l'attention car elle doit être absolument de tous les instants afin de bien saisir la critique sociétale du réalisateur dans son trip totalement halluciné. Absolument tout y passe, religion, armée, colonisation, patriotisme, matérialisme, médias, luxure et j'en passe, c'est une véritable orgie de messages, les symboles religieux en prennent vraiment pour leur grade ainsi que les sciences, il est d'ailleurs plus aisé d'adhérer aux messages qu'aux choix artistiques car il faut s'attendre à tout, c'est violent, scatto, malsain, le sexe y tient une place prépondérante également mais surtout c'est emprunt d'un mysticisme et d'un ésotérisme rarement reproduit au cinéma. Passé le temps d'adaptation nécessaire à tout néophyte, le métrage devient vraiment envoutant et déroutant, c'est une véritable expérience à vivre, éreintante certes car difficilement accessible et foncièrement pessimiste mais unique en son genre et particulièrement subversive. Le message hippie-anarchiste-écolo ne plaira forcément pas à tout le monde mais il a le mérite d'exister, d'ailleurs je n'y adhère moi-même pas, l'Homme est détestable, ok, mais de là à cesser toute évolution et de retourner quasiment à l'ère primitive, très peu pour moi. En revanche cette idée des 7 institutions, ces forces en place qui dirigent le monde, ça, ça me va ! Ainsi que cette fin en pied de nez. En plus de cette réalisation folle et de cette multitude d'idées saugrenues et improbables sur quasiment chaque plan du métrage, encore plus impressionnant quand on regarde le budget dérisoire au départ. Plein de choses à voir, plein de choses à ressentir dans ce que l'on peut qualifier d'oeuvre d'art et comme pour toutes oeuvres d'art, la subjectivité est reine ... Une chose est certaine en tout cas, je me garde cette "Montagne sacrée" dans un coin et me la réserve pour un prochain visionnage, indispensable.