A première vue, Le Maitre d'école semble être un film intéressant. Tout d'abord, la portée de son propos, à savoir la difficulté pour un instituteur d'enseigner dans un établissement scolaire, avait de quoi susciter l'intérêt d'un public assez large. En outre, le casting se compose d'une partition de qualité, avec l'ambitieuse idée d'insérer Coluche dans un rôle difficile à jouer, car terriblement délicat. Mais c'est en abordant cette idée que le film impose avec fatalité sa défaite, tel le professeur incapable de trouver les mots et la manière afin de donner au regard de l'élève un intérêt à son savoir, ne lui donnant jamais le sentiment universel que la connaissance et la culture ne s'apprend jamais d'une façon académiquement redondante, mais en se forgeant une démagogie personnelle, réfléchie, prenante, saisissante, passionnante. Ce qu'essaye de faire Coluche, maladroitement, caricaturalement, à travers son personnage au grand coeur pitoyable. Oui, on nous parle de la peine de mort. Ce qui est une grande chose à l'époque. Malheureusement et grande ironie du sort, les élèves sont eux aussi touchés de plein fouet par la peste des stéréotypes, comme l'évidence même qu'un élève métissé ai des parents chômeurs. On pourrait en rire, mais il est tant difficile de sourire. Et de ce fait, on ne comprend pas comment Claude Berri puisse traiter un sujet avec autant de légèreté. Et même si le genre imposait une certaine allégresse par son statut de comédie, on est frustrés de constater que le film est un produit facile, dont la lourdeur des bons sentiments vendus au rabais ne laisse pas place à un spectacle plus mordant. Heureusement, les comédiens arrivent à nous éviter l'ennuie. Décevant.